C’est une vraie craie à cassure terreuse, écailleuse
; quelques couches rappellent la craie marneuse
bulliforme que j ’ai décrite près de Baktchi-
séraï, en Crimée (1).
Les fucoïdes dont quelques couches sont remplies,
tandis que d’autres en sont complètement
dépourvues, se rapprochent beaucoup du fucus
que M. Studer a fait dessiner dans les Nouveaux
Mémoires de la société helvétique des sciences
naturelles (2), comme caractérisant le schiste
crayeux des Grisons, des Alpes de Glaris et de
Saint-Gall.
Cette craie schisteuse fendillée à l’infini, est à
peine sortie de la carrière qu’elle tombe par éclats;
son usage est donc presque nul pour des constructions.
Quelques couches de silex corné (Kiesel-
schiefer) seraient d’un excellent emploi si elles
étaient plus fréquentes et plus épaisses ; elles alternent
avec le schiste marneux à un verst et
demi de la forteresse, lorsqu’on longe le rivage
pour tourner le plateau dont j ’ai fait mention
plus haut. Dans cette partie du rivage les couches
ont été redressées ; celles de schiste ayant été
détruites facilement, il n’est resté que celles de
(1) Bulletin de la société de géologie de France, 1837,
p. 385, tableau.
(2) Voyez Die Gebirgsmasse von Davos, tab. 3 , fig. 6.
silex corné qui sortent leurs têtes et forment, a
travers le plateau,- de longs dos qu’on prendrait
pour des remparts.
La chaux manque aussi tout-à-fait autour de
Ghélindjik, et ce sera assez loin qu’il faudra aller
chercher les traces du calcaire jurassique ou du
calcaire grossier.
Cependant avec un peu de dépense, il sera facile
de remédier à ces désavantages, étant à portée
de Kertch et de la Crimée qui sont si riches
en matériaux de bâtisse et en chaux.
Ghélindjik n’a pas de rivière, ni même de ruisseau;
un filet d’eau qui coule en hiver et au
printemps, tarit complètement en été. Mais le sol
est riche en sources (1) ; ou elles ne jaillissent
pas d’elles-mêmes, on aura de l’eau avec fàli—
cité en creusant des puits.
Le sol qui entoure Ghélindjik est fertile, le
schiste à fucoïdes, se décomposant très facilement,
donne en résultat une terre végétale susceptible
de presque tous les genres de culture.
Les forêts qu’on voit s’étendre dans la plaine
M jusque sur les collines, consistent principalement
en chênes, en charmes, en érables, en frênes,
en térébinthes, en trembles, en poiriers, à
(1) J’ai trouvé la température des deux sources qui sont
dans les jardins, au N. E. de la forteresse, de io° 5 de
Réaumur.