î epetant, en suivant la marche de l'office, le signe
de la croix et le kyrie éleyson, que les Géorgiens
ont conservé de la liturgie grecque.
Le lieu très saint est marqué par deux angles
rentrants; une fenêtre pratiquée au fond du
choeur l’éclairait(i); des deux côtés on avait
ménagé dans l’épaisseur du mur deux niches
qui s’élevaient jusqu’à six pieds au-dessus de
terre. La porte principale en face du choeur donnait
sur le vestibule adossé à l’église, et destiné
d’ordinaire aux femmes. Les hommes entrent par
une porte de côté.
L ’église ainsi que la muraille d’enceinte ,
étaient murés avec ces blocs erratiques ou plutôt
ces gros cailloux de granit protogyne et de
diorite qu’on trouve sur le bord des rivières,
chariées de l’intérieur. On avait placé plusieurs
rangs de pierres pour faire l’épaisseur du mur :
Soukoum a été bâti de même. La chaux paraît
être très bonne, malgré ce qu’en dit Gamba, puisqu’elle
a pu si bien lier ces cailloux et en faire
des murs si solides... La voûte de l’église en plein-
cintre s’était écroulée.
Sur les murailles et dans les fentes croissaient
le lierre et le laurier noble, entremêlés de syringa
(Philadelphus coronaria) et de figuiers. Un figuier
centenaire de neuf à dix pieds de pourtour,
planté à sept pas de l’entrée à droite, ombrageait
Je tout de son large feuillage, resté lui seul témoin
vivant du passé.
L ’enceinte du monastère n’était qu’un champ
de fougères de cinq pieds de haut, entremêlées
de grandes lathyris et de ronces à fleurs roses,
de viorne et de noisetiers à grands fruits : sur
les murailles mêmes la vigne faisait un second
étage de murs insurmontables, s’accrochant
•aux lauriers, aux cerisiers, aux pommiers, aux
aunes, aux charmes; c’est une végétation magnifique.
Le fenouil sauvage couvre le rivage
pêle-mêle avec les figuiers couverts de fruits,
l’éryngium à fleurs blanches, le pancratium il-
lyricum.
Partout l’on retrouve de pareilles traces de
culture antique et souvent les forêts ne sont
rien moins que des forêts; ce sont de vastes
jardins où l’on trouve tous nos fruits d’E u rope
si recherchés croissant sauvages confondus
ensemble, la pomme et la poire avec la
pêche, l’abricot et l’amande, le coing, la figue
et la cornouille avec la châtaigne, la grenade et
la noix.
A quelques cents pas du monastère vers Kélassour,
coule, pendant une partie de l’année, un
petit ruisseau, auprès duquel les Grecs, pendant
la dernière guerre, avaient établi des chantiers.
Car nul pays n’est plus riche en bois de toutes