<in eût fini de célébrer l’office, et à la porte de
eglise, je me présente à lui comme un étranger
européen, dans le plus grand embarras, qui attend
tout de sa bienveillance pour trouver un
refuge; et je lui raconte ce qui m’était arrivé
Le bon pere était accompagné dans ce moment
par le célébré docteur Campocasto, le plus ignare
et le plus gredjn des charlatans qui se disent médecins,
illustré déjà par les relatipns deM.Gamba.
« Moun cher, me dit-il, en prenant la parole
pour le pere Celestm, à quoi pensez-vous, moun
cher, de vous adresser aux révérends pères’
Comment est-il possible de penser qu’ils puis-
sent vous loger ? Moun cher, les bons pères ont
déjà bien assez à faire à s’arranger, sans avoir
des étrangers à leur charge; ils ont si peu de
place; leur maison n’est pas un hospice; d’ailleurs,
moun cher, songez à vous tirer d’affaire
vous-même. » Et voilà la substance de la noble
harangue de M. Campocasto, baragouinée moitié
en français, moitié en italien. Le père Célestin
pour adoucir un peu la chose, m’invita à borne
une tasse de café, et je le quittai ensuite pour
al er me distraire parmi les ruines de l’antique
ville des Circé et des Médée, de la perplexité
dans laquelle je me trouvais. Si ces belles enchanteresses
s’étaient seulement trouvées là ! ! !
Ah ! Messieurs les voyageurs, ne comptez pas sur
les peres capucins de Koutaïs.
Vers le soir, je voulus pourtant voir si le
commandant n’était point de retour. Heureusement
je le trouvai établi sur la galerie d’une
maison qu’il venait de faire bâtir. A peine eut-il
vu mon passeport, qu’il me félicita sur mon heureuse
arrivée, ‘m’assurant que j ’étais attendu, et
qu’il allait me faire donner un logement. Et il
m’invita à prendre avec lui une tasse de thé.
Quel changement de fortune pour moi! Comme
je m’empressai d’aller m’établir chez moi, profondément
reconnaissant de la noble protection
que m’accordait le gouvernement.
On m’avait donné pour logement une maison
géorgienne tout entière, isolée au milieu d’un
groupe d’arbres un peu sur la hauteur, à côté de
celle d’uri pope géorgien. Une large galerie précédait
une grande chambre avec une cheminée
dans le fond ; un vieux lit démantibulé, une
chaise, une table en faisaient tout l’ameublement.
Un long cabinet sur le côté complétera le plan
de la maison, où je passai d’abord dix délicieux
jours seul, isolé, sans relations aucune avec personne,
occupé seulement à contempler cette nature
magnifique. Est-il rien de plus pittoresque
que Koutaïs et ses alentours?
Mes matinées se passaient à errer parmi ces
vastes ruines, et sur ce sol antique et vénérable
qu’avaient foulé Jason, Médée, David I I , Tha-
mar, Iioussoudan. La ville de Médée est ense