peut-être, vers le milieu du quatorzième siècle
avant J.-C. (1)
Les Grecs réussirent à fonder plusieurs colonies
dont l’histoire est obscure, parce qu’elles se
trouvèrent trop éloignées du centre des grands
événements de la Grèce ; mais les traces de leur
existence et de leur puissance ne sont pas encore
effacées.
Dioscourias fut la métropole d’une espèce de
république qui s’étendait des rives de la Kodor
au-delà de celles d e l’Ingour. Une preuve que la
puissance et l’influence de cet état florissant dut
s’accroître considérablement se tire des chroniques
mêmes des Géorgiens. Pharnavas, premier
roi desKarthlesouGéorgiens, vers l’an 299 avant
J.-C., ayant chassé Azon, l’un des généraux d’Alexandre
, qui tyrannisait le pays après sa mort,
ne put recouvrer YEgoursi (2), c’est-à-dire la
côte du Phase à la Kodor, qui resta aux Grecs
colonisés aux embouchures des rivières ; cependant
les Grecs ne voulurent pas se séparer des
(1 ) Strabo, Geogr., lib. XI, p. g4, éd. i 5io.
(2) UEgoursi est YEcrectice de Pline; il tirait son nom
de la rivière Egrissi, Engour ou Ingour, le Singcimes ou
Rhiocharës des anciens ; M. Brosset fait aussi venir le
nom des Mégrélique nous nommons Mingréliens à’Egrissi;
Ym est ici déterminatif.
Géorgiens avec lesquels ils firent un traité de
paix (1).
Après Dioscourias, les principales colonies
étaient Guènos, aujourd’hui Tguanas , sur les
rives de la Markoula, Ilori, Bédia, Héraclée, aujourd’hui
Anakria. Elles étaient dominées par ces
peuples montagnards qui occupaient les hautes
vallées. La plus connue de ces peuplades, après
les Souanes, était celle des Koraxiens (2), les
Tsébeldiens actuels, qui menaçaient sans cesse
Dioscourias du haut de leurs vallées, où la Kodor,
le Korax de Ptolémée, prend ses sources.
Du temps de Strabon (3), ces Koraxiens avaient
un roi et un conseil de 3oo hommes. Ils pouvaient
mettre 200,000 hommes sur pied unis
aux autres peuplades, et cette multitude, quoique
indisciplinée, était belliqueuse; elle faisait sa
nourriture de lait, de fruits sauvages, de venaison.
C’est sans doute l’esprit belliqueux de ces peuplades
qui força les Grecs de se fermer de cette
immense muraille qui enceignait tout leur territoire
jusqu’au pied des montagnes, et qui excite
(t) Histoire de Vakhtang V dans Klapr., II, 97, éd. ail.
(2) KopaÇot s(3voî, Scylax Cary and. Périp. éd. Hudson,
p. 3i . Coraxicimontes, Pline, Hist. nat., VI, 9. Ptolémée,
Tab. secunda Asiæ, cap. IX.
(3) Strabon, p. 479.