Massoudi (i), qui écrivait en 943 en même
temps que Constantin, ou peut-être quelques?
années avant lui,, est encore plus circonstancié.
Sur les bords du Kouban, il place les Adem—
d hal (Adémi), occupes de la pêche de ce fleuve,
derrière les Alains, entre le Caucase et la Mer do
Roum (Noire) les Kéehek (2). « Cette nation,
« d it-il, est d’un caractère doux et professe la
« religion des Mages. On ne trouve pas parmi
•< tous les peuples qui habitent ces pays, qu’il y
« en ait aucun chez lequel lès hommes aient
« les traits plus réguliers, le teint plus éclatant
« et la taille plus svelte. On dit que les femmes
« sont d’une beauté surprenante et très volup-
« tueuses. Les Kéehek emploient pour s’habiller
« des toiles blanches, des soieries grecques, de
« l’écarlate, et d’autres étoffes de soie, brochées
« en or. Les Alains, quoique plus puissants que
« ce peuple, n’ont pourtant pu l’assujétir; il
« leur résiste par les places fortes qu’il tient sur
.« le bord de la mer. Quelques personnes pré-
« tendent que c’est la Mer de Roum, d’autres
« que c’est celle de Nithis (Pont). Il est cepen-
« dant certain que le peuple de Kéehek est à peu
(1) Massoudi, dans le Magasin asiatique de Klaproth,
p . 289.
(2) Les Ossètes appellent les Tçherkesses Kasakh , et les
Mingréliens Kachak.
« de distance de la ville de Trébizonde, avec laïc
quelle il communique continuellement au
« moyen de barques qui y portent et en rappor-
« tent des marchandises, Jusqu’à présent il n’a
« pu se mesurer sur le champ de bataille avec
« les Alains, la raison en est que les Kéehek n’ont
« pas de roi qui puisse réunir toute la nation ;
« car si elle était bien d’accord, ni les Alains, ni
« aucun autre peuple ne seraient en état de lui
« tenir tête. Le mot de kéehek est persan, et
ce signifie orgueilleux, arrogant. Dans leur voi-
« sinage et sur les bords de la mer, habite un
« autre peuple qui occupe le pays nommé les
« Sept-Cantons; il est nombreux et belliqueux,
« et son territoire est d’un accès difficile. Je ne
« sais pas quelle est sa religion (1). »
Ces Kéehek sont les Zykhes de Constantin, ët
Massoudi leur donne aussi pour voisins au sud
les Abkhazes : on reconnaît dans cette notice que
je viens de transcrire les élémens de la description
de Strabon, une nation livrée au commerce
qui parcourt la Mer-Noire jusqu’à Trébizonde,
montée sur des barques ; l’éloge que Massoudi
fait de la beauté des hommes et des femmes nous
apprend que la vente des esclaves était la principale
basé de ce commerce ; Massoudi y joint
Q ) Sont-ce les Àlti-Kessek de nos jours, les six familles,
les Tapanta ?■