une reconnaissance et une descente à Djouhou*-
bou. Mais on ne put effectuer ni l’un, ni l’autre;
les Russes trouvèrent que les Chapsoughes s’étaient
fortifiés et les attendaient. Romanovitch,
qui commandait, leur avait donné le temps de se
réunir en masse. On remit cette entreprise à
1 arrivée du générai Malinovki, qui devait venir
faire l’inspection de sa brigade à Ghélindjik.
. Effectivement, au commencement du mois
d août il se mit à la,tête de tout ce qu’il y avait
de vaisseaux disponibles à Ghélindjik, corvette,
brigantin, goélette, etc., prit avec lui tout ce
qu il put emmener des troupes de débarquement
et fit voile vers Djouhoubou. Les Chapsoughes
devinerent a l’instant à qui on en voulait, et ils
pi esenterent un front formidable pour défendre
les deux ou trois petits vaisseaux qui étaient
amarrés sur le rivage.
Malgré leur résistance, la descente s’effectua,
on leur tua beaucoup de monde, on brûla les
vaisseaux, on fit une légère reconnaissance, et
l’on se retira avec une perte de douze soldats ou
matelots tués et de vingt-sept blessés p a rmi lesquels
le lieutenant-colonel Poltinine, dans la
conviction que cet endroit était aussi difficile à
attaquer qu’à défendre. Car le fond de la vallée
de Djouhoubou, encaissé de collines , ne peut
etre propre à y construire une forteresse qui
serait dominée de toutes parts, et il suffirait aux
Tcherkesses d’avoir un ou deux canons pour en
déloger complètement les Russes.
La rade ouverte n’offre pas plus de sûreté
pour les vaisseaux qui ne sont que légèrement
défendus contre les vents du S. E. par le cap
Kodos. Les vents du S., d’O. et de N. 0 . y soufflent
en plein.
Les vaisseaux seraient beaucoup plus à l’abri
dans l’anse de Kodos qui est sur le revers du cap
Kodos ; mais il n’y a derechef aucun emplacement
pour y bâtir un fo r t, à moins que de le
poser sur le sommet de l’une des collines qui
avoisinent le rivage.
Djouhoubou, Kodos et toutes ces petites anses
où débouchent les rivières qui arrosent la
côte jusqu’à Ztchoubéchi, Mamaï, Ardler, etc.,
sont le refuge d’un nombre considérable de galères
que se construisent eux-mêmes les Tcherkesses,
et avec lesquels ils commettaient jadis de
nombreux brigandages. Je les ai dépeints plus
haut tels que Strabon (1) nous les a fait connaître,
et l’on s’étonne du peu de changements qui
se sont opérés chez ces pirates depuis le temps
des Romains. Aujourd’hui comme alors ils ont
leurs galères légères que les Grecs appelaient
camara, et qu’ils appellent eux-mêmes k a f ou
kouafa ; elles sont seulement im peu plus gran-
( 1) Strabon, liv. XI, p. 4 7 6 , ed. Bas.