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la Perse le commerce avec ces pays et la forcer
à se contenter des produits russes.
Quelques Arméniens deTiflis qui avaient spéculé
à leur façon en faisant de grands achats de
marchandises et surtout de rhum, en remplirent
leurs magasins et crurent qu’il était de leur intérêt
d’appuyer la clôture de la franchise, espérant
qu’après cela le prix de ces denrées hausserait et
qu’ils feraient un monopole à leur gré.
La franchise fut donc annulée en 183a , pour
le 1er janvier, au grand chagrin de tous les habitants
de la Géorgie.
Pour remplir le but que l’on se proposait de forcer
la Perse à avoir recours aux marchandises russes
et pour lui couper toute communication avec
les marchés de l’occident de l’Europe par Tiflis et
Redoute-Kalé, on fit succéder à la franchise le
système prohibitif le plus sévère. Non-seulement
les provinces transcaucasiennes rentrèrent dans
la ligne des douanes russes, mais tout transit de
marchandises européennes fut très sévèrement
défendu, et même, pour augmenter l’effet de
cette mesure, on centralisa les douanes à Tiflis
à 35o verst de la côte de la Mer-Noire : c’est-à
dire que toute marchandise d’Europe venant par
la Mer-Noire, et toute marchandise asiatique
ne put acquitter ses droits d’entrée qu’à Tiflis
même où devait se faire la révision de la marchandise.
Les douanes deNakhtchévan, d’Akhall-
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Mais la ville qui gagnait le plus à cet état de
choses était Odessa. Toutes les marchandises
destinées pour la Perse et la Géorgie, et que les
négociants tiraient des marchés d’Allemagne furent
acheminées par Brody, Radzivilof et le
midi delà Russie sur Odessa. On a évalué à deux
millions la valeur des marchandises qui étaient
ainsi expédiées annuellement à Redoute-Kalé.
Le ministre l’avait deviné j c’était le seul
moyen de civiliser et d’utiliser ces nouvelles
conquêtes, et cet acte d?économie politique,
large et généreux, a été couronné d’un plein
succès.
Quand les dix années de la franchise furent
sur le point de s’écouler, le ministre envoya à
Tiflis M. le chambellan Peltchinski pour prendre
des renseignements sur l’état du commerce, et
voir s’il était temps de substituer le système
des douanes russes à la franchise.
Dans ce temps-là, le gouverneur civil de Tiflis
Zavileiski, cherchait à fonder une société asiatique
du commerce, et il mettait tout en oeuvre pour
réunir le nombre d’actions nécessaires à cette
entreprise. On supposait que cette société ouvrirait
un débouché immense de produits russes
en Perse, débouché que réclamaient les instances
des fabricants russes ; mais il fallait fermer
pour cela l’entrée des marchandises d’Allemagne
et de France par la Géorgie, interdire à