aux invasions (les Tatares dont l’influence ne
fut pas considérable sur ces tribus isolées | ils
s’efforcèrent d’y prêcher l’islamisme que les
principaux de la nation adoptèrent, mais sans
que cela leur donnât de pouvoir réel sur la nation.
Leur pouvoir devint encore plus précaire quand
les Russes, que le traité de Kulchuk-Kanardji
avait reconnus en 1774 maîtres des deuxKabardah
de Kertche, obtinrent encore, en 1781, le Kou-
ban et la Crimée. Il ne resta aux Turcs, qui S’arrogeaient
lesouverain pouvoir surlesNatoukhadjes,
les Chapsoughes, que les ports de Soudjouk-
Kalé et d’Anapa. Dès l’an 1781, après la cession
faite à la Russie des forteresses de Kertche, de
Tamau, les Turcs transportèrent leurs forces
dans ces deux nouvelles forteresses qu’ils construisirent
à cette époque (1). Un pacha qui résidait
à Anapa, fut chargé de conserver, d’augmenter
les relations de la Turquie avec les montagnards,
et de les exciter, de les encourager de
plus en plus contre la Russie; Anapa était le
foyer des machinations de la Turquie. Il devint
le principal ou plutôt l’unique débouché
des produits de la Circassie, marché qui approvisionnait
les harems de Constantinople de ces
beautés si vantées et si recherchées.
(1) Anapa fut construit en 1784.
Les Russes firent tous leurs efforts pour
s’emparer d’Anapa; ils sentaient bien que c’était
l’un des uniques moyens de se rendre
maîtres du Caucase et de le pacifier. Anapa
fut pris en 1791 et en 1807. Ils gardèrent
cette place jusqu’en 1812; elle fut alors rendue
à la Turquie. Les circonstances si pénibles
et si désastreuses pour la Russie avaient
pu seules forcer Koutouzof à rendre à la
Porte ce point qu’elle redemandait sans cesse;
les harems étaient aux abois. On ne pouvait
porter de coup plus cruel à la Russie que
celui-là, et c’était la faire reculer de 20, de 5o
ans dans ses projets de pacification du Caucase.
Les Turoe ont su profiter de leur temps en
cherchant à reprendre leur influence sur les
Tcherkesses, pour les animer contre la Russie,
et pour les séparer d’une manière encore plus
tranchante de cet empire en leur faisant embrasser
sincèrement le mahométisme.
Ils réussirent pleinement dans leurs projets,
et les montagnards Natoukhaidjes, Chapsoughes,
Abadzèkhes, n’en reprirent qu’avec plus d’ardeur,
plus de zèle, leur ancien genre de vie de brigandage;
leurs luttes continuelles contre les Tatares
les avaient exercés, et les chefs qui commandaient
sur la ligne voyaient de jour en jour s’accroître
les difficultés pour arrêter leurs pillages et
leurs incursions.