encore l’admiration de tous ceux qui l’ont vue de
nos jours. Cela rentrait dans les idées du temps,
et ce n’élait qu’une répétition de ce qu’on avait
fait pour fermer la Chersonnèse héracléotique, la
république du Bosphore, la Chersonnèse de Thra-
ce et tant d’autres banlieues d’autres colonies.
Cette muraille commençait à Iiélassour; une
tour cpuverte de lierre adossée à la ruine d’un
grand bâtiment qui bordait le rivage était le point
de départ d’un haut mur qui allait se joindre sur
le sommet delà montagne à une autre ruine. Cet
ensemble de fortifications se présente , comme je
l’ai dit, en face de la maison d’Hassan-Bey ; la
plupart des cartes en font l’ancien Dandari (1).
De l’angle extérieur de cette espècé d’Acropo-
lis, partait une seconde muraille qui, remontant
la Kodor, s’avancait dans l’intérieur du pays, circonscrivant
une vaste étendue de terrain, y
compris le premier plan des montagnes. Il fermait
ainsi hermétiquement toutes les hautes vallées de
la Markoula, de la Galazga, passait au-dessus de
Bédia, et venait aboutir à l’Engour, bien au-
dessus d’Atanghèlo. Elle avait, selon les opinions
actuelles, 160 verst de long. De distance en distance
on l’avait fortifiée de tours.
Il sera difficile de fixer exactement l’âge de ce
monument; car, quoique ni Strabon ni Amen
( 0 V°y. la vue de cette tour, Atlas, 2e série, pl. 4.
n’en parlent, il est certainement antérieur à leur
siècle.
Du temps de ce premier auteur, qui vivait
29 ans avant J.-C., Dioscourias était encore
dans toute sa gloire l’emporium du Caucase occidental,
et cent peuples divers, selon lui, venaient
se rendre sur ses marchés. Le sel était le
grand article d’échange.
Mais déjà la plus grande partie de ce pays ainsi
que Dioscourias, avait perdu sa liberté. Soumises
par Mithridate, ces antiques colonies avaient
passé après samort sous la domination romainê ou
sous celle de leurs vassaux. Polémon sous Auguste,
fut nommé roi des Colches ; après lu i, sa
femme Pythodoris prit les rênes du gouverne-
nement, qu’elle laissa à son fils Polémon II.
Privée de sa liberté, il paraît que Dioscourias
déchut rapidement ; elle passa dans le domaine
direct des Romains, qui envoyèrent des garnisons
dans toutes les villes qui bordaient la côte
orientale de la Mer-Noire ; déjà du temps de
Pline (74 ans après J.C.), Dioscourias était déserte,
et cette cité où les Romains naguère entretenaient
cent trente interprètes pour leurs affaires
commerciales, n’était plus qu’un simple castel
nommé Sébastopolis (1), bâti sur les rives d’Athe-
munta, aujourd’hui l’Iscouriah.
(1) Sébastopolis était bien la même que Dioscourias ;