ils ne la quittent que quand elle tombe en lambeaux.
Aussi rimérétien a-t-il une odeur forte
particulière. Qu’on pense d’ailleurs à la masse de
vermine, qui, sous un climat aussi chaud, s’en-
gendre dans ce laps de temps. C’est un des grands
désagréments de ces pays, de ne pouvoir jamais
être en sûreté de la part de ces petits êtres qui
se propagent partout, chez le grand seigneur
comme chez le pauvre, et qui vous assaillent de
toutes parts. Sur le gazon, sur les galeries, dans
1 interieui des maisons, partout vous en trouvez}
partout vous eles exposés à leurs attaques.
Les Imérétiens, Mingréliens et Géorgiens sont
grands amateurs de la viande de porc en hiver •
ils en élèvent beaucoup, qu’ils laissent courir
autour de leurs maisons, et se nourrir de figues,
de châtaignes, de millet, de fruits sauvages de
toutes especes : enfin, c’est un pays de Cocagne
pour les cochons ; aussi ont-ils quelque chose de
fier, 1 oreille courte et en l’air. Homère avait su
apprécier leur bonheur, puisque c’est précisément
ici qu eut heu la fameuse métamorphosé
des compagnons d’Ulysse. Ces porcs, dans les
villes, à Koutaïs entre autres, où ils se promènent
par troupes, Contribuent singulièrement à
la propreté des rues ; il n’y a donc rien d’éton-
nant si les peuples de l’Orient, hormis les Caucasiens,
regardent le cochon comme un animal
impur et l’ont en abomination.
La population russe de Koutaïs n’est composée
que de soldats, d’officiers et de quelques employés
civils. Les soldats ont une caserne et un
hôpital. Démon temps, il y avait un bon nombre
de Polonais parmi eux. On ne peut pas dire que
le soldat soit paresseux ; le soldat est tout et fait
tout. Quand il n’exerce pas, sa vie laborieuse se
passe à des travaux qui concernent le régiment;
on l’envoie couper la provision de bois, faucher
les foins ; c’est lui qui charie tout; il pétrit les briques
dont on a besoin, maçonne* charpente : en
un mot, il est peu de soldats qui perdent moins
de temps.
On voit quelques Turcs à Koutaïs : ce sont des
tailleurs de pierre, des maçons et des charpentiers.
Ils viennent de l’Adjara ou de Trébizonde.
Les Grecs sont boulangers et font un pain plat,
tenace, semblable à celui qu’ils débitent en Crimée.
Ils cuisent aussi des gâteaux de maïs qui
ne sont pas mauvais frais, des craquelins en
forme d’anneaux, qu’on vend enfilés sur une ficelle,
des pâtes feuilletées à la graisse de mouton,
de petits pâtés avec une farce de chair de mouton,
etc. Tout cela est fort bon marché.
La vie de toutes ces populations asiatiques de
Koutaïs ressemble à celle des anciens Grecs. Les
hommes passent toute leur journée dans leurs
boutiques ; les oisifs viennent de même au bazar
y discourir de chevaux, de nouvelles, de pro