pèce de privations et de fatigues, et ils vainquent
souvent leurs ennemis quand ils peuvent
les attirer dans quelque marais, dans la neige,
dans les glaces, ou dans des. lieux privés de
toutes ressources, où leur constance et leur obstination
leur donnent la victoire.
« Les Zykhes sont en général beaux et bien
faits, et se font admirer parmi les Mamelouk? au
Caire. Les femmes sont très apprivoisées avec
les étrangers.
« Ils exercent l'hospitalité envers chacun avec
grande amitié, et ils appellent conak et l’hôte
qui reçoit et l’hôte qui est reçu : quand l’étran-r
gerpart, ils l’accompagnent jusque chez un
autre hôte, et le défendent au péril même de
leur vie, et bien qu’ils regardent le pillage
comme un gain fait en toute justice, cependant
les conaks usent entre eux de la plus grande fidélité,
soit dans les maisons, soit au dehors.
« Ils vivent en grande partie de poissons an-
ticei (esturgeons), qu’ils appellent encore aujourd’hui
ainsi, et boivent de l’eau des fleuves
de leur pays, qui est très bonne pour la digestion.
Ils mangent toute espèce de chair d’animaux
domestiques et sauvages |ils n’ont ni froment
ni vin; ils ont beaucoup de millet et
d’autres grains semblables dont ils font du pain
et divers mets, et ils boivent du boza et de l’hydromel.
Leurs maisons sont toutes de paille, de
roseaux, de bois. Ce serait une grande honte
pour un seigneur ou pour un gentilhomme de
se construire une forteresse ou une maison de
pierre, disant que ce serait témoigner ainsi de
la crainte, et avouer qu’on ne sait ni se garder
ni se défendre ; ils habitent tous ainsi ces maisons
, et dans aucun domaine ni dans tout le
pays il n’y a la moindre forteresse habitée ; et
comme il se trouve çàet là quelques tours et des
murailles antiques, ce sont les paysans qui s’en
servent pour leur usage, car les nobles en auraient
honte.
« Chaque jour on les voit travailler eux-mêmes
leurs flèches, même à cheval; elles sont parfaites
et peu de flèches peuvent être comparées aux
leurs pour la légèreté, pour l’élégance, et la
trempe des pointes et pour l’effet.
« Les dames nobles ne s’occupent pas à autre
chose qu’à broder des bourses à briquets et des
ceintures de cuir très uni.
« Leürs funérailles sont très extraordinaires.
Après la mort d’un gentilhomme, ils construisent
à la campagne une haute estrade en
bois, sur laquelle ils placent le corps dans une
posture assise, après lui avoir ôté les intestins,
et pendant huit jours, les parents, les amis et
les vassaux le visitent et lui présentent des tasses
d’argent, des arcs, des éventails, etc. Aux
deux côtés de l’estrade sont les deux parents les