que les ardeurs, du soleil puissent dessécher sous
l’herbe et sous le feuillage vert ce réservoir
bienfaisant.
Je ne citerai pour exemple que ce qui est arrive
depuis qu’on a fondé Ghélindjik ; on trouva
sous les beaux ombrages de Koutlizi un joli
ruisseau qui fournissait toujours de l’eau, été et
hiver. Depuis qu’on l’a mis à découvert en coupant
tous les arbres à plusieurs verst à la ronde,
il a tari, et il n’est resté qu’une mare infecte qui
sera dangereuse pendant les chaleurs.
Revenons à notre excursion. Pendant qu’on
auchait le seigle v e r t, qu’on coupait les plus
beaux arbres, qu’on emportait ce qu’il y avait
de meilleur en fait de poutres pour le charger
sur nos seize chariots, je dessinais et je jouissais
de la nouveauté de ce paysage. Bientôt le lieutenant
colonel Ganter m’appela pour prendre
part à un déjeûner servi sur l’herbe, et nous
étions gais et sans souci comme si la forteresse
n avait été qu'à deux pas.
On fit rentrer ensuite les postes avancés, et
1 on se mit en marche, les chariots au centre, les
chasseurs sur les flancs et nous à Barrière-garde.
* J p g f les Teherkesses avaient eu le temps, pendant
les deux heures que nous fûmes occupés à
iaucher, de se rassembler sur le sommet d’une
montagne nue à droite de l’aoule d’Atsesboho.
Nous en avions compté un soixantaine sur ce
point; nous ne pensions pas qu’ils eussent la hardiesse
de nous attaquer en si petit nombre.
Cependant à peine eûmes-nous pénétré dans
les bois que nous nous vîmes attaqués et chargés
de toutes parts; d’autres groupes de Teherkesses
de huit à dix hommes s’étaient cachés derrière
les buissons, et nous tiraient dessus à la débandade.
Notre position était embarrassante ; arrêtés
par nos pesants chariots, et dans l’impossibilité
de voir ce qui se passait autour de nous,
notre plus grande crainte était que nos ennemis,
parmi lesquels nous avions reconnu quelques soldats
fugitifs, ne se jetassent dans le ravin que
nous devions passer et ne nous coupassent tout
retour. Dans ce cas-là nous étions perdus. Heureusement
nos tirailleurs en haillons firent si
bien leur devoir , qu’ils tinrent en respéct les
Teherkesses; la fusillade durait depuis une demi-
heure quand nous trouvâmes au milieu du bois
une butte sur le sommet de laquelle nous plaçâmes
une pièce de canon ; nous n’eûmes que
le temps de tirer quelques volées à mitraille sur
les Teherkesses qui couraient autour du bois pour
se jeter dans le ravin ; en même temps un vaisseau
qui longeait la côte pour nous appuyer de
ce côté-là leur envoya quelques boulets de fauconneau
par-dessus nos têtes; nous leur tuâmes
deux, hommes, et pendant qu’ils hésitaient
nous passâmes heureusement le ravin. Ils revin