l’énumération des ports et des abordages qui
pouvaient être utiles aux Romains sur cette côte ;
il les qualifie chacun selon sa nature. Le premier
qu’il cite est la station navale ( Op/J.0 ç) de Pi-
thius ; l’autre de Mamaï et de la vieille Lazique,
ne sont pour lui que des endroits à l’abri d’un
vent quelconque, des cxsitt). Il ne cite aucun limène,
aucun liman, enfin, aucun de ces grands
ports sur toute ,1a côte, qui en est dépourvue ,
comme l’ont fort bien remarqué Strabon, Artémi->
dore, et tout à coup voilà vers l’extrémité deux
limènes qui se suivent. Peut-il y avoir quelque
doute que ce soient ceux de Ghélindjik et de
Soudjouk-Kalé, quand il n’y en a que deux en
effet et qu’il n’y a pas à choisir? D’ailleurs, les
distances qu’il donne sont d’accord avec la position
des localités.
Arrien ne parle pas du limène Sindique g mais,
il mentionne la ville, qu’il place à sa vraie distance
de la baie de Soudjouk-Kalé.,
Maintenant le Pagrai d’Arrien est-il le Toricos
de Scylax et n’y a-t-il qu’un changement de
nom; ou sont-ce deux localités que représenteraient
fort bien les deux ruines que j ’ai décrites
plus haut ? Ma science ne va pas jusqu’à décider
la question.
La baie de Ghélindjik, surtout dans le voisinage
de la forteresse actuelle, offre les emplacements
les plus favorables et les plus commodes
pour des bains de mer; une plage douce et sablonneuse,
une onde tranquille en font le mérite.
On s’amuse à voir les dauphins jouant sur les
flots, et souillant en se promenant dans la baie.
C’est en me baignant que j ’ai pris un jour
dans l’onde salée un Dyticus dimidiatus. Ma surprise
fut extrême de trouver là ce coléoptère
qui ne vit que dans les eaux douces, et pour
voir si Çe n’était point par. hasard qu’il se trouvait
dans l’eau salée, je le mis dans de l’eau
douce ; au bout dVne demi-rheure l’insecte était
mort.
L ’inimitié des Tcherkesses contre les Russes en
i 833 était encore si grande qu’il était rare que l’un
d’eux voulût mettre le pied dans la forteresse pour
y vendre une vache ou des poules : cela me peinait
d’autant plus que je désirais tant voir ces fiers
ennemis de près : ma curiosité ne fut que rarement
satisfaite. En i 834> ils abondaient déjà
davantage, et on serait peut-être parvenu à les
apprivoiser, si l’on n’avait pas eu le malheur d’en
tuer un qui ne répondait pas à la sentinelle ; ce
qui renouvela la haine et la méfiance.
Pendant que j ’étais à Ghélindjik, je fis la connaissance
du colonel d’artillerie Stépan Alexié—
vitch Kussnesov, que des folies d’ivresse avaient
fait mettre en jugement; mais qui, du reste,
jouissait de la réputation de la plus grande bravoure.
Il avait reçu une très bonne éducation,