raconter réciproquement ce qu’on avait appris
des nouveaux arrivés, et à achever de s’enivrer,
On se querella. Toute la nuit ce ne fut qu’une
cohue de ces Cosaques ivres qui entraient dans
notre chambre pour chercher à débaucher ceux
qui y dormaient, ou pour se plaindre | On Se disputa,
on se dit des gros mots; on se battit; quelques
uns des combattants vinrent tomber sur
mon ht ; les batailleurs furent jetés à la porte. '
Heureusement enfin l’aube radieuse qui venait
e remplacer cette orageuse nuit, m’annonça
aurore du plus beau jour; qu’il me tardait d’aller
me présenter au général Vakoulsld, gouverneur
de l’Iméreth, de la Mingrélie, etc. En attendant
j ’allai faire bouillir sous un hangar la
petite bouilloire qui me tenait lieü dê théière,
Le thé dans tous mes voyages fut mon meilleur
préservatif contre les maladies du pays. Le matin
il netoiè l’estomac, lui donne du ton, égâié
1 esprit et ranime les forces, Le soir il délasse,
et sert de correcteur à toutes les fatigües, à tôutë
la Variabilité de température, de sec ët d’humide,
qu’on peut avoir eu à supporter de la part de
l’atmosphère, surtout quand on prend comme
moi son thé une fois au moins tous les déut
jours, avec du verjus de raisin ou de la crème
de tartre. C’est une bonne précaution Contré les
fièvres chaudes et bilieuses. Il est d’autre chosé
à recommander aux voyageurs, c’est de ne pas
se faire faute de vin à leurs repas, d’en user sobrement;
mais de ne jamais en boire hors des
repas ; de ne pas se mettre en route pendant les
heures chaudes de la journée depuis dix et onze
heures du matin jusqu’à trois heures après midi,
dans les mois de juillet et d’août ; d’être sur
leurs gardes par rapport à l’habillement, de se
mettre plus chaudement le soir et la nuit à cause
de la fraîcheur que la chaleur qu’il a fait pendant
la journée et les nuits plus longues qüe dans le
nord, rendent plus sensible.
Au milieu de la matinée, je me rendis chez lé
gouverneur; j ’étais si pressé de quitter l’étrange
abri qui m’était tombé en partage, que ce fut pour
moi un cruel désapointement d’apprendre qu’il
avait quitté la ville la veille pour aller passer
quelques jours à Bagdad, à la campagne. Il me
fallut avoir recours au commandant de la ville,
que je ne trouvai pas non plus, parce qu’il était
allé faire une tournée hors de ville. L’aide-de-
camp de place était à Tiflis. Personne pour me
protéger ; pas un coin pour me réfugier.
Il me vint alors dans l’idée tous les éloges qué
MM. Gamba et Bottiers faisaient des révérends
pères capucins de Boutais. . . . Si je m’adressais
à eux, me dis-je ! — Très empressé, je me rends
à leur église où je trouve toute la population ar-
ménienne-catholique à-la messe, chantant du ton
le plus discordant. J’attendis que le père^Céles