que faire se pouvait, d’après les plus anciens
monuments que nous offrent l’ancienne géographie,
l’archéologie, la mythologie, l’architecture
et les systèmes religieux, que des colonies de
prêtres indiens, parties avec l’ancien culte de
Boudha, du centre de l’Asie, sont venues directement
ou indirectement, avant les temps historiques
delà Grèce, s’établir sur les rives du
Phase, autour duPont-Euxin, dans la Thracé,
sur l’Ister, dans beaucoup de contrées de l’Europe
occidentale, et même dans la Grèce; que
ces colonies y ont exercé une influence religieuse
remarquable , et que cet état de choses se
prouve non-seulement par les récits des Asiatiques
, mais découle principalement de l’étude
des plus anciens fragmens des historiens de la
Grèce et de la Petite Asie, et surtout du tableau
que fait Hérodote des Scythes dans son livre IV.
Je ne désire pas traiter dans ce moment de ce
que cette hypothèse a de vrai ; il faut se placer
sur un théâtre plus connu que la côte des Tcher-
kesses, être à une source plus abondante de
faits, au milieu d’un puissant peuple qui, depuis
l’origine de l’histoire, s’est trouvé en contact
direct avec tous les autres peuples, et qui, sans
quitter le poste que lui a assigné la Providence,
s’est assimilé à toutes les révolutions de l’Asie
et d’une partie de l’Europe, et qui a été heurté
plus ou moins violemment dans tous ces chocs
de migrations politiques et religieuses Je
veux parler de la grande nation khartoulienne
ou géorgienne qui, depuis la nuit des temps,
garde l’isthme Caucasien et les rives de la Mer-
Noire et de la Mer Caspienne, et q u i, comme
la vigne aux longs rameaux, lancée sur un orme
antique, s’est vue entraînée, balancée, soulevée
par les tempêtes, sans que leur rage ait pu l’arracher
de cet asile. Les traditions géorgiennes
peuvent jeter un grand jour sur l’histoire de
l’Asie ; je renvoie à cette partie la solution (si
possible est) des doutes que j ’avance ic i, et j ’en
reviens aux Tcherkesses, dont je vais chercher
à suivre les traces jusqu’à nos jours, car on ne
saurait appeler histoire les faibles notions que
nous retrouvons à leur sujet, isolées dans les
géographes et les historiens.
Lorsque Scylax, l’un des plus anciens géographes,
vivant sous Darius d’Hystaspes (522 ans
avant J .-C .), nous décrit dans son Périple les
côtes du Pont, et nous en donne les plus anciennes
notions connues, voici les nations telles
qu’elles se suivent du Don au Phase (î). ;
i° Les Sauromates Gunocratoumènes ( gouvernés
par des femmes), sur les bords du Don.
2° Les Maëtes , sur la côte de la Mer d’Asof.
( i ) Scylax Caryand. éd. de David Hoeschel, Augustæ
Vindel. 1600.