bouchure de la Marmarscari, et ne trouva que
quelques huttes de feuillage et pas une maison
(1).
De la Motraye, qui futjeté sur les côtes d’Ab-
khasie en 1712, débarqua aussi à Sébastopolis, où
il s’attendait à trouver nombre de ruines ; il 11e
vit que quelques colonnes d’un beau poli dans
deux mosquées, et une tête mutilée qu’un habitant
avait trouvée dans sa vigne : on lui vendit
quelques médailles dont l’une était de Dioscourias
(2).
Rottiers s’y rendit en 1817 circa : il trouva les
ruines de Dioscourias sur les bords delà Marmar,
et le misérable village d’Iscouriah bâti dessus (3).
Paul Guibal, dans ses notices sur l’Abkhasie,
en i 83i , fait du nom d’Iscouriah celui de
Skourtcha (4).
Enfin l’oubli de ce grand nom devient tel que
Gamba, le voyageur le plus moderne dans ces
contrées, ne sait déjà plus où sont ces ruines, et
qu’il les confond avec Soukoum-Kalé (5)
On trouvera bizarre que les Milésiens, qui fon-
(1) Chardin, p. 71, éd. in-folio
(a) De la Motraye, II, p. io 3.
(3) Rottiers, Itinéraire, etc., p. 23.
(4) Paul Guibal, Courrier de la Nouvelle-Russie,
n° io 3, i 83i .
(5) Gamba, Voy. dans la Russie mérid., Jy 75.
dèrent Dioscourias, ne l’aient pas placée sur la
Kodor, la plus grande rivière d’Abkhasie, mais
sur une petite rivière dont la source ne remontait
pas bien avant dans l’intérieur des montagnes.
Les habitants du pays lui donnent indistinctement
les noms d’Iskouriah, deTzkhouzamèli, de
Marmar. C’est là qu’on voit des ruines^considé-
rables, cachées sous de magnifiques forêts au
milieu desquelles sont semées quelques bourgades
abkhasiénnes. Ces hêtres, ces chênes , ces
ormes paraissent être de vieux enfants de la
terre. Qu’y a-t-il de si étonnant que les aneiéns
Grecs aient fondé ici de préférence de riches colonies,
et aient enclos tout cet espace d’un mur.
Mais l’homme semble l’avoir abandonné maintenant,
ou plutôt la Providence semble faire
avec les royaumes ce qu’on fait avec les champs ;
elle les laisse reposer ; elle les met en jachère.
Dirait-on à voir ces éternelles et épaisses forêts
qui recouvrent la plaine et les monts, et à Suivre
ce rivage désert, qu’on se trouve dans l’un dps;
berceaux de l’histoire, dans la terre antique des,
fables et des mythes, dans le point de départ de
plusieurs civilisations, aux portes des grandes
villes..,. Et où ; est r estée cette population qui
faisait ses délices de ce paradis ? ; u,
Précisément où la Kodor entrant dans la plaine
basse, baigne de sa rive droite la dernière colline
qui borde son cours, s’élèvent les derni^rumes