Les régiments qui sont à Ghélindjik ont autour
de la forteresse de beaux jardins qui produisent
tous les légumes d’Europe : chaque compagnie
a le sien qu elle soigne avec zèle. Les choux, les
ognons, les concombres sont surtout l’objet de
tous les soins : fidèles compagnons du soldat
russe, ils le suivent a toutes les extrémités de
1 empire et sous tous les climats ; quand le soldat
est établi quelque part que ce soit en Perse
ou en Sibérie, sa première pensée est de trouver
un petit coin de terre où il puisse semer et planter
ses chers légumes, et quand il peut y joindre
quelque peu de pommes de terre, il se croit
liche. Les choux et les ognons sont les ingrédients
principaux de ses soupes favorites, le che-
tchi et le borchitche.
En i 833, à l’époque où je m’y trouvais, être
à Ghélindjik ou aux avant-postes d’une armée
en face de l’ennemi, c’était à peu près la même
Anthémis tinctoria,— an novaspec.?;Phlomis herbaventi;
Triticum junceum ? ; Hipericum perforatum; Bromus ste-
rilis ; Agrostema githago ; Carduus hamulosus ; Vaillantia
taui’ica; Adonis æstivalis ; Physalis alkekengi; Convolvulus
cantabrica ; Alyssum murale; Erysimum cuspidatum; Dorycnium
herbaceum ; Lithospermum officinale ; Linaria
genistifolia ; Nigella arvensis; Anacamptis pyramidalis;
Lysimachia verticillata ; Rosa pumila ; Caucalis latifolia ;
Delphinium consolida ; Phleum annuum ; Dictamnus
cretensis.
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chose. Ghélindjik était cerné de toutes parts par
les Tcherkesses dont les habitations commençaient
déjà à 4 ou 5 verst de la forteresse. Leurs
partis maraudaient et guettaient sans cesse autour
de la forteresse ; cachés derrière de petits
tas de pierres, ils attendaient patiemment l’occasion
de tuer leur ennemi; les bois étaient parsemés
de ces cachettes, qui furent fatales à
nombre de soldats, surtout dans les premiers
temps. On ne pouvait faire un pas hors delà
forteresse sans convoi considérable. Le bétail
même n’était mené au pâturage qu’avec cinquante
hommes d’escorte et une pièce de canon.!
Cependant les Tcherkesses voyant les précautions
des Russes et souvent l’inutilité de leurs
attaques et de leur attente, s’étaient un peu relâchés
dans leur système de guérillas, pour se
réserver pour les grandes occasions.. . A cet
effet ils avaient placé une sentinelle au sommet
de la plus haute montagne qui avoisinait Ghélindjik.
De ce point élevé, on pouvait observer
tout ce qui se passait dans la forteresse, tout ce
qui entrait, tout ce qui sortait. Accoutumés à
voir sortir le bétail tous les jours avec son convoi,
ce n’était plus un sujet ni d’inquiétude ni
d’attaque : mais dès que la sentinelle remarquait
un mouvement un peu extraordinaire, des préparatifs
pour une expédition plus lointaine, un
coup de fusil donnait l’allarme, et à l’instant on