séducteur pour une somme d’argent... 11 est rare
que le mari se porte à ces premières extrémités,
de tuer le coupable et de mutiler sa femme, car
malgré la justice de sa colère, il n’en est pas
moins tenu de payer la loi du sang aux parents
des coupables, pour leur mort ou pour chaque
membre mutile.
Religion.
Dire quelle est la religion des Tcherkesses
serait fort difficile, tant est intime chez eux le
mélange du christianisme, du mahométisme et
du paganisme.
Dans les onzième et douzième siècles, les
princes^ russes de Tmoutarakan et les rois de
Géorgie les avaient convertis plus ou moins
au christianisme. Les princes tcherkesses kabar-
diens et leurs adhérents, qui vinrent de Crimée
soumettre une partie de la Circassie dans
le commencement du quinzième siècle, ( laient
mahométans. Depuis le milieu du seizième
siècle, la Russie et les Tatares mahométans, se
disputant la Circassie, ont mis le christianisme
et l’islamisme en lutte ouverte dans ce pays ;
chacune de ces puissances cherchant à influencer
le peuple par les idées religieuses, ce combat a
duré jusqu’à nos jours, et qu’en est-il résulté?...
Beaucoup d’indifférence pour l’une et ¿.our
l’autre, et un retour complet aux anciennes superstitions.
Il est sans exemple qu’une religion succède à
une autre sans mélange; toujours la nouvelle religion
se greffe sur l’ancienne ; les propagateurs
du nouveau système permettent cette greffe
par politique, pour ne pas trop effrayer les populations
routinières. Qu’on suive bien notre
christianisme dans ses détails, il s’est modifié de
mille manières malgré son apparente orthodoxie,
et chaque peuple y a mêlé quelque ancienne
fête, quelque ancien rit , y a consacré le souvenir
de quelque ancien culte. Il ne serait
pas difficile de faire cette analyse pour le christianisme
de plusieurs peuples que j ’ai étudiés
dans mes voyages.
Les princes tcherkesses seulement et les grands
sont musulmans et en observent les rites ; mais
ils le font par acquit de conscience et avec indifférence,
se moquant quelquefois de toutes ces
cérémonies.
Le peuple, dans le fait, est aussi païen
Les Tcherkesses de la côte célèbrent encore
par tradition la fête de Pâques, sans savoir en
mémoire de quoi, et quinze jours auparavant,
s’abstiennent de manger des oeufs à l’image du
carême ; ils ont des arbres marqués d’une croix,
qu’ils révèrent, et auxquels jamais la hache n’a
touché ; ces arbres sont dans des bois sacrés que