sont les écuyers des princes, les servent à table.
La classe des affranchis comprenait les serfs
qui avaient obtenu la liberté pour quelques services
rendus, ou qui, ayant été vendus comme
esclaves, revenaient dans leur patrie avec une
petite fortune, avec laquelle ils faisaient l’acquisition
d’un domaine. La liberté passait à leur
descendance, et ils jouissaient des mêmes droits
que les nobles.
La quatrième classe, celle des vassaux ou
serfs, semblables à ceux qui existaient en Europe
lors de la féodalité, vivent, de père en fils,
sous la dépendance d’un prince ou d’un noble
dont ils labourent le champ en temps de paix, et
quils défendent en temps de guerre. Chacun
d’eux possède un terrain et des bestiaux sur lesquels
le seigneur n’a aucun droit; il n’en a point
non plus sur le vassal lui-même ni sur sa famille
qui, sur des motifs de mécontentement, est
libre d’aller s’établir ailleurs. Ce n’est qu’à titre
de punition et après un jugement qu’un seigneur
peut les vendre, et dans ce cas l’affaire doit être
jugée par une assemblée.
Ces quatre classes diffèrent peu entre elles
pour l’habillement et la vie domestique ; la plus
parfaite égalité même règne parmi eux, tant
rmfluence du prince et des nobles sur leurs
vassaux est peu sensible; c’est une influence
de confiance, de persuasion patriarcale ; toute
l’autorité est réglée par les anciens usages.
La cinquième classe est celle des esclaves,
tcho’hhotl. Tout étranger qui s’aventure dans ces
pays-là, et qui ne peut nommer son conak ou son
hôte, peut compter d’être fait esclave ; les princes
et les nobles en augmentent journellement le
nombre dans leurs courses sur le territoire russe,
et c’est un objet de richesse pour le propriétaire
qui les vend aux Turcs, ou quiles garde pour augmenter
le nombre de ses vassaux et les marie.
Tous les princes sont égaux entre eux, de
même que les nobles. Dans toute cette vaste population
opposée à la Russie , et q u i, comme je
viens de le dire, peut mettre près de 100,000
hommes sous les armes, aucune tête influente
ne peut régulariser une coalition, un plan général
d’attaque et de défense ; chaque prince
chaque noble, même chaque affranchi est son
maître et n’obéit qu’à lui-même. Des milliers
d’intérêts divisent donc ce peuple en une multitude
de tribus, de familles indépendantes, jalouses
les unes des autres, jalouses de leur liberté,
et souvent séparées pour toujours par la
terrible loi du sang, la loi de la vengeance que
perpétue pendant des siècles la haine entre les
tribus et les familles.
Cet esprit d’indépendance et de défiance se
remarque dans leurs moeurs, dans leurs habitations,
dans leur législation.