especes que l’Abkhasie. On peut s’en fournir partout
sur la côte, depuis Soukoum jusqu’à l’embouchure
de l’Engour; surtout derrière le cap
Iscouriah et à Ilori. Outre les espèces les plus
communes du chêne, du charme, du hêtre, du
pin, du sapin, on a de magnifiques frênes, d’énormes
ifs au bois rouge, des érables, du poirier
torminal d’une grandeur remarquable, du buis,
du châtaigner, etc. Mithridate, Strabon, Khos-
roës, Amurat III, avaient bien su apprécier la
valeur de ces richesses; elles sont perdues pour
les Abkhases.
Nous visitâmes ensuite Kélassour qui est à six
verst de Soukoum. Nous abordâmes à l’embouchure
de la Kélassour, torrent assez abondant,
qui teint la mer à plus d’un verst et demi de distance.
Notre but, en nous rendant ici, était
d’aller présenter nos hommages au fameux
prince Hassan-Bey, dont la maison est à quelques
cents pas du rivage dans le vallon de la
Kélassour. Cette petite vallée qui a undemi-verst
de large s’ouvre dans une suite de collines superbement
boisées (1).
Hassan-Bey apprenant notre arrivée, envoya
quelques-uns de ses gens pour nous recevoir.
Nous arrivâmes à sa maison à travers une forêt
de yèble (.sambucus ebulus); quelques enclos
(1) Voy Atlas, ae série, pl. 4-
mal soignés étaient remplis, au lieu de légumes,
de mauvaises herbes, dont un filet d’eau détourné
de la rivière entretenait la fraîcheur. Des touffes
de mûriers blancs, de saules pleureurs, des châtaigniers,
des pommiers, des pruniers, des figuiers,
etc., étaient semés çà et là sans ordre et
abandonnés à eux-mêmes.
Nous trouvâmes enfin la porte de l’enclos en
grosses poutres non dégrossies qui défend les
approches de la maison, bâtiment assez vaste,
construit entièrement en bois de frêne ét de
chêne. Une partie du plain-pied était tout ouvert;
le reste servait d’écurie et les portes répondaient
à de petits enclos, subdivisions du grand,
qui servaient à la garde des chevaux.
Nous montâmes à l’étage, comme chez Michel-
Bey, par un escalier en bois, et nous atteignîmes
la galerie qui règne sur tout le front du bâtiment.
Là se trouvaient rassemblés, accroupis et groupés
dans toutes les positions, une quinzaine de
commensaux et vassaux du prince , tous armés
jusqu’aux dents, me rappelant cette cour des
rois de l’Orient qui attendait à leur porte pour
être prête au moindre signal à exécuter leurs
ordres. Leur costume était presque entièrement
tcherkesse ; la plupart portaient le bachelih ou
ghetapt en abkhase, et avaient les deux longs
bouts passés par devant et noués derrière la tête.
Plusieurs d’entre eux devaient être d’un plus