pieux de quatre pieds de long supportent six
grandes pierres plates de deux pieds et demi de
large : six petites pierres sont au centre-, quatre
fortes poutres s appuyant dessus , soutiennent
toute une bâtisse ; c’est le magasin du Tcher-
kesse.
L ’intérieur en est divisé, comme une clête(i)
courlandaise, en quatre compartimens pour les
différentes espèces de blé. Le toit est en paille
assujétie par des perches.
Un troisième édifice se joint quelquefois à ces
deux premiers 5 c’est une longue étable pour les
brebis et les chèvres.
La meme cour, fermée d’une haie morte avec
une porte, renferme ces trois bâtiments. Tout à
côté sont des enclos dans lesquels le Tcherkesse
sème du froment, du seigle, de l’avoine et surtout
du millet. Ces enclos sont entourés d’arbres
ou de forets, et même il laisse çà et là au milieu
de ses champs les plus beaux arbres isolés ; car
les arbres, les bois, sont pour lui de première
nécessité.
Les alentours de Ghélindjik qu’011 avait complètement
dépouillés d’arbres, étaient déjà desséchés
, tandis que tout était ici de la plus belle
verdure ; sous un climat aussi chaud, cela ne se
(1) Cléte est le nom lette d’un grenier en bois, tel qu’on
en construit en Courlande et en Livonie.
devait qu’à ce soin des Teherkesses de conserver
et de ménager des ombrages épais autour de
leurs enclos.
La Russie a le vaste projet de s’assujétir cette
partie de la Circassie en la colonisant : cette mesure
est certainement la meilleure ; mais pour
y réussir, il faudra faire usage de l’expérience
des habitans et adopter leur système de culture.
Le schiste à fucoïdes décomposé produit une
bonne terre végétale ; mais elle a le défaut de se
dessécher et de se* gercer facilement. On n’a pas
ici les rivières et les canaux de la Géorgie et de
l’Arménie pour y remédier par des irrigations
régulières en grand. Il faut donc chercher une
autre manière de lui conserver sa fraîcheur et
son humidité, celle que les Teherkesses ont adoptée
et qui a un second avantage, celui de rompre
la force des vents du N. E. si violents le long de
la côte.
On a commencé à dépouiller les collines de
leurs belles forêts : il faut aussi agir ici avec une
grande prudence; car une fois que la hache
aura dégarni leurs flancs escarpés, il sera bien
difficile d’y voir renaître de nouvelles forêts, et
on peut être assuré qu’avec la diminution de ces
forêts, disparaîtront nombre de sources qui ne
doivent leur perpétuité qu’à ce manteau préservateur
qui retient les brouillards , les pluies et
l’humidité sur les pentes, et les conserve, sans