A rticle II.
D es crânesfossiles qui paraissent appartenir à tespèce du boeuf,
mais q u i surpassent de beaucoup en grandeur ceux de nos
boeufs domestiques, et dont les cornes sont autrement dirigées.
Tous les caractères que j’ai assignés à l’espèce du boeuf, se rencontrent
dans ces crânes-ci, et je ne doute pas qu’ils n’aient appartenu
à une race sauvage, très-différente de Xaurochs, et qui a été la
véritable souche de nos boeufs domestiques : race qui aura été anéantie
par la civilisation, comme le sont maintenant celles du chameau
et du dromadaire.
Le contour général du frontal, sa concavité, la courbe rentrante
qui le termine vers le haut, et qui s’étend comme une arête d’une
corne à l’autre, l’angle aigu que la face frontale fait avec la face
occipitale, la circonscription de celle-ci, la fosse temporale , sont
absolument, dans ces deux crânes, comme dans le taureau.
Seulement, les cornes des boeufs les plus communs se dirigent en
dehors, et se recourbent plus ou moins en haut ou en avant, tandis
que les noyaux des cornes de ces crânes, après s’être dirigés en
dehors, se recourbent un peu en avant et en bas ; mais on sait à
quel point la grandeur et la flexion des cornes varient dans nos races
domestiques, et personne ne sera tenté d’y voir des caractères spécifiques.
Nous avons même au Cabinet le çrâne d’un petit taureau
d’Ecosse, dont les cornes sont dirigées de côté et en bas, mais non
pas en avant.
Cependant, ces crânes fossiles annoncent des animaux fort supérieurs
à nos boeufs ordinaires de France, bien qu’ils ne paraissent
pas surpasser beaucoup ce que l’on rapporte des grands boeufs de la
Podolie, de la Hongrie et de la Sicile. Celui que nous représentons
(pl. III, fig. 3 et 8 ) et que M. Faujas a déjà donné (Essais de Géologie,
pl. X V I I , fig. 2, et Annal, du Mus., I l , pl. X X X IV ) , a
0,332 de largeur entre les cornes, o,335 entre les orbites ; ce qu i,
d’après les proportions du. taureau, annoncerait un animal de douze
pieds de long, et de S pieds et demi de hauteur au garrot. La distance
entre la partie de la crête occipitale la plus voisine de la- corne
et le haut de l’orbite du même côté est dé 0,29!
La circonférence du noyau de la corne est de o,336, et sa longueur
ensuivant là courbure, de 0,72 ; la distance de leurs sommets en
ligne droite est de o,83.
Nous en avons eu depuis lors une tête bien plus entière, que le
cabinet du roi doit à M. le comte Dumanoir. Elle a été retirée de la
tourbe en septembre 1816, en faisant un canal de dessèchement dans
les marais de Saint- forain, canton d’Arpajon.
Nous l’avons fait représenter à cause de sa parfaite conservation
( pl. X I , fig. 1 , 2, 3 et 4 ).
Longueur depuis J a crête occipitale jusqu’à 1?extrémité desosintermaxillaires. o ,665
Distance d’un orbite à l’autre.... . . . ............................. .............................. 0,2g
Distance d’une base de corne a l’autre au'bas de leur racine.. . . . . . . . . . . ‘ 0,28
— ‘ — 1 ' I au-dessus de leur rac in e .............. .. 0,1g
Diamètre d’un noyau de corne à. sa base................ ................................. 0,14
Distance en ligne droite entre les pointes des deux noyaux de c o r n e s . 0,64
— en suivant les courbures e x t é r i e u r e s - . ........................................... i,58
Hauteur depuis là crête de l’occ-iput jusqu’au bas du trou occipital............ 0,220
Plus grande- largeur de la,façe occipitale entre les deux angles mastoïdiens. o,31
Longueur depuis, le.bout des intermaxillaires jusqu’au bord de l’e'chancrure
du palais. .................................. .................T... • •. l.A 0,34
— jusqu’au bord du trou 'occipital..............................................................
La plus grande tête de boeuf que nous ayons au Muséum a encore
4 pouces de moins en longueur.
Ces sortes de crânes ne sont pas rares dans les tourbières du nord
de la France. Le Muséum en possède deux qui viennent de la vallée
de la Somme, dont l’un trouvé entre Amiens et Abbeville, et envoyé
par feu M. Bâillon, a déjà été mentionné par Buffon dans ses
Epoques de la Nature (Suppl., t. V, p. 547).
C’est aussi un pareil crâne qui a été trouvé à Piquigny, et annoncé
comme celui d’un aurochs, par M. Boucher, dans le Magasin en