258 OSTÉOLOGIE
nassiers, nous donnerons celle du système de dentition des insectivores,
mais d’une manière sommaire seulement; et nous nous attacherons
à montrer les1 rapports qui existent entre l’un et l’autre ; car
nous y retrouvons encore les traces de l’ unité de plan que paroît avoir
suivi la nature dans toutes les parties de l’organisation animale.
§ i 4- Des Insectivores.
L ’ordre des insectivores, considéré sous le rapport des dents, forme
une division tout aussi naturelle que celle dont nous venons de parler,
division qui tient intimement d’une part aux q.uadrunianes.et de l’ autre
aux carnassiers; mais alors elle ne renferme pas.,seulement (esanimaux
qui y ont été rapportés jusqu’à ce,jour,?,ç’estTà-dire Jesjgalép-
pithèques, les chauve-souris, lesdesmans, les: musaraignes,.lesçspa-
lopes, les condylures, les taupes, les chrysochlores, les, cladobates,(i),
les tenrees et les hérissons (je ne parle pas des roussettes.-qui ne se
rattachent point aux omnivores par leurs dents earr on ;np peut
point en séparer les didelphes carnassiers* je: .yeux diçe fog sarigues,
les ,dasyures et les péramèles qui se rattachent aux insectivores par
des caractères aussi nombreux et aussi importons,,que ceux qui ont
porté à les réunir aux autres marsupiaux. En effet, lorsque l’on embrasse
d’une manière générale le.système de dentition de,ces divers
.animaux, on ne peut méconnoître ni les rapports .qui unissent entre
eux les.genres qu’ils forment, ni ceux qui les rattachent aux deux
ordres entre lesquels ils sont aujourd’hui placés dans les méthodes
naturelles : on les voit tous d’une part présenter le. même, système
de dentition, et de l’autre n’offrir, dans In forme de leurs molaires,,
qu’une modification de celles des tarsiers, et de la tuberculeuse des
civettes et des paradqxures. Cependant ces genres eux-mêmes. ,pe
sont pas tellement unis , leurs modifications caractéristiques ne se
sont pas faites suivant une progression tellement régulière, qu’ils ne
' (i) Genre établrpar M. Diard d’après plnsiéui-s espèces qu’il avoit decoîivertes à JàVâ , et
dont deux se trouvent déjà publiées,dans mon Histoire naturelle des Mammifères, h e tupaya
javamca et le tupaya tctna, Horsfield Zool. jaw , rç0. H l, y appartiennent.
DES CARNASSIERS. x'Sg
forment naturellement quelques groupes bien distincts les uns des
autres.
Ainsi on ne peut méconnoître qu’il existe une pins grande analogie
entre les desmans, les scalopes, les condylures, les cladobates, les
musaraignes,, les taupes et les chauve-souris, qu’avec les tanr-ecs.,
les péramèles, les sarigues et les dasyures, et les uns comme les
autres se distinguent des galéopithèques, des chrysochlores et des
hérissons qui forment encore trois types particuliers dans le système
général auquel tous appartiennent.
Mais si les insectivores forment un groupe naturel et si ce groupe
peut naturellement se subdiviser, ses subdivisions ne répondent plus,
comme dans l’ordre des carnassiers proprement dits, aux modifications
d’une qualité fondamentale et prépondérante, d’après lesquelles
leurs rapports naturels pouvoient s’établir. En effet,, chez les carnassiers
nous avons pu déduire assez rigoureusement, de l’examen des
formes des mâchelières, la disposition plus ou moins forte de ces
animaux à se nourrir de chair, le plus ou moins de développement
de leur faculté carnassière, et descendre graduellement, même en
faisant abstraction de tous leurs autres systèmes d’organes, des plus
sanguinaires de tous, des chats, aux coatis et aux ours qui le sont
le moins.
Chez les insectivores, les modifications des mâchelières sont légères
et peu susceptibles d’une influence appréciable ; formées
'sur le même modèle, toutes se composent généralement d’un nombre
à peu près fixe de pointes, situées entre elles dans les mêmes
rapports, et qui, dans l’action des mâchoires, s’engrènent les unes
dans les autres. Il résulte de là que ces mammifères ne se distinguent
plus par une disposition plus ou moins grande à se nourrir de telles
ou de telles substances, mais seulement par les moyens qu’ils ont
reçus de les apercevoir, de les atteindre, de les saisir et de s’en
rendre maîtres. Ils ne peuvent donc plus être considérés, dans les
méthodes naturelles, comme un ordre du même rang que l’ordre
des carnassiers, et leurs divisions ne sont plus, par rapport à eux,
que ce que sont, par rapport aux différens groupes génériques de
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