Dans ma première édition, j’avois considéré les crânes fossiles
d’Europe comme appartenant à l’aurochs ordinaire, et ceux de Sibérie
comme provenant d’une espèce perdue; maintenant que j’ai
reconnu les uns et les autres pour être de lai même espèce, il s’agi-
roit de savoir s’ils seroient tous de l’aurochs; mais comme je viens
de constater aussi qu’ils ne ressemblent pas plus à l’aurochs que
celui-ci ne ressemble au bison d’Amérique, et comme ces deux animaux
sont distincts par l’espèce, on ne voit pas pourquoi celui qui
a produit les grands crânes fossiles ne serait pas d’une troisième espèce,
aussi distincte que les deux premières, et dont les caractères
auraient tenu à d’autres parties qu’à la tète. Là grandeur j de sés
cornes pourrait déjà le faire soupçonner, car les plus vieux bisops
et les plus vieux aurochs n’ont que des cornes médiocres. M, Hüç-
quet m’écrit que les plus grands individus n’ont pas de noyaux de
cornes de plus d’un pied de long. '
J’ai essayé de calculer la longueur des noyaux des cornes fossiles
en partant des proportions de l’aurochs de Schoenbrun qui a 0,8 de
diamètre à la base, sur une longueur en ligne droite de o,a3, et en
suivant la courbure du côté convexe de .o,3s>..-
Le crâne fossile de Bonn auroit eu les siens de 0,28 et de 0,4 ;
celui d’Amérique de o,5 et 0,72 ; celui de Bohème de o,56 et de 0,8 ;
c’est-à-dire que ces derniers auraient été de 29 pouces et demi environ,
en suivant leur convexité. Aussi M. P sa is se trompe-t-il
beaucoup quand il estime que les cornes de son crâne dévoient être
longues au moins de six pieds (1).
Quant à l’animal entier on peut aussi à peu près: déterminer sa
taille ,-si- toutefois l'on suppose que ses proportions ressembloient à
celles de l’aurochs.
Dans cette hypothèse , l’individu de Bonn auroit eu 2,4 , ou
6 pieds 4 pouces de hauteur au garrot, et 3,7 , ou 9 pieds 5 ou 6
pouces de longueur, depuis le mufle jusqu’à l’anus; et l’individu
d’Amérique, autant qu’on en peut juger d’après ce qui reste de son
(1) Historie* Disquis. on the Mammoth, éd. de 180 3, p. 85.
y , àne , ne l’aurait pas ; à beaucoup près, autant surpassé par la taille
que par lés cornes ; à peine aùroit-il eu a; ou 3 pouces de plus.
Cfes mesures; ‘comme on voit, imsont, pas. infiniment supévieuresctà
celles: de ce vieil aurochs mâle décrit par Wild, et que: nous avons
^rapportées ci-dessus d’après Eallas.
Il seroit bien important deconnoîtrenu juste les gisemens de ce grand
aurdchs fossile, et malheureusement on nik à cet égard que des donnée^
assez1 Vagues. On ma point fait connoître avec précision la nature
cleè'couches où sé sont trouvés'ses crânes, soit en Allemagne; soit en
Italie. M. ■ JVésti's’est borné - à dire qu’ils ne sont point accompagnés
d’os d’éléphans ; M. P a lla s, touchant ceux de Sibérie;.exprime seulement
d’une manière générale qu’ils se trouvent, ainsi que les autres
OS fossiles, dans les endroits où les fleuves minent leurs berges , et les
mettent à découvert; mais quant aux observations qu’il en auroit
faites lui-même , il ne parle que d’un seul qui avoit été péché îdans
XIrgis, l’un des affluens du Volga, et qui lui avoit été donné .à? S a -
rnara (1).
Je dois ajouter en terminant cet article que l’on possède depuis
long-temps au cabinet du roi, mais sans en connoitre l’origine , un
crâne altéré à sa surface, et tellement semblable à celui d’un aurochs
ordinaire , nommément à ceux du squelette de Pétersbourg et
du nôtre, que l’oeil le plus habile auroit peine à l’en discerner ,
mais Son intérieur est encore tellement frais, qu’il n’ est pas impossible
que ce soit celui d’un aurochs vivant, qui aura été pendant quelque
temps exposé aux intempéries de l’atmosphère.
Nous le représentons pl. X I I , fig. 6 et 7.
(1) Nov. Comm. Petrop., XVII, p. 58o.