Dans une tète femelle que j’ai pu comparer à une tête du Gap,
les molaires, plus étroites et plus rapprochées l’une de l’autre, occupent
un espace tout aussi long.
On doit aussi remarquer que ces molaires ont des formes plus
simples que celles des autres boeufs, et qu’il leur manque nommément
. cette arête saillante qui monte entre leurs piliers, dans le
buffle du Cap comme dans le boeuf ordinaire.
Je ne puis donner des caractères plus détaillés parce que mes
objets de comparaison des deux espèces sont plus ou moins mutilés,
mais j’ai cru devoir faire graver la figure de la tête mâle du
cabinet de Camper ( pl. X , fig. 15, 16 et 17 ).
Jérémie ne place ce buffle que dans un canton assez peu étendu,
entre la rivière danoise ou de Churchill et celle des chiens marins,
sur la côte occidentale de la baie d’Hudson, par les 5g degrés,
mais ils sont encore plus nombreux vers le nord. Heam e en a vu
beaucoup près du lac de Buffalo, par les 70 degrés, et dit qu’en
général c’est au-delà du cercle polaire qu’il y en a le plus. En,effet,
celui du capitaine Parry fut tué par les 7 5°. A ces latitudes, il lui
auroit été aussi facile qu’au renne et à l’élan de passer d’un continent
à l’autre ; cependant il est certain qu’il n’habite point en
Sibérie; on ne le trouve pas même en Groenland, selon Fabricius ( 1 ),
bien que son crâne et ses poils y aient été transportés sur des glaçons.
Il seroit à désirer de savoir jusqu’où il se porte dans le sud. Je
ne vois point qu’il s’en trouve dans le territoire des Etats-Unis.
Pennant (2) dit qu’il en existe dans le pays des Cristinaux et des
A ssiniboins, par les 5o et 55 degrés, ce qui n’auroit rien que de
fort naturel. Il ajoute, d’après Lopès Gomara, qu’ils descendent
au sud jusque dans la province de Quivira, c’est-à-dire jusque vers
le 4°e- degré ; et en effet il est impossible de ne pas reconnoître
cette espèce dans ces moutons de la taille du cheval, à queue
traînante, à courte queue, à très-grandes cornes, que les Espagnols
(1) Faun. Groenl., p. 28, sous le faux nom de bo$ grunniens, I,
(2) Arcliû. zool. I , p. U , .: . •
observèrent dans ,ce pays lorsq.Ufils en firent la decouverte (i).
Le buffle musqué -se. rencontre vgysi cette partie (Occidentale avec
le bison, ou buffalo ordinaire, comme il siy rencontre à la cote
orientale, mais beaucoup plus au nord, et près de. la baie d’Hudson.
Dans ce dernier, pays, les Anglais nomment le buffle musqué buffalo
de la rivière Churchill (ou danoise ) et le bison, buffalo de l inté-r
rieur (2).
Je dois remarquer cependant que les capitaines Lewis et Clarke
n’ont point rencontré cette espèce dans leur voyage à la côte nord-
ouest, où ils ont traversé l’Amérique dans une latitude plus septentrionale.
On trouvera dans la section suivante, article III, les dimensions
des crânes de cette espèce.
A rti cle IL
Comparaison du reste du squelette dans les boeufs de différentes
espèces.
Ce qui regarde les têtes et les dents vient d’être expliqué dans
l’exposition des caractères spécifiques.
Nous y avons indiqué les différences dans le nombre des côtes,
ainsi que des vertèbres dorsales et lombaires.
On pourroit croire qu’il y en a aussi dans le nombre des vertèbres
de la queue; mais, bien que mes squelettes soient assez incomplets
dans cette partie, je juge, par ce qui reste, qu’ils y ont en tout dix-
huit vertèbres, et que les différences de longueur tiennent à celle
des vertèbres elles-mêmes ; ainsi la jeune bisonne a les siennes plus
courtes, et le boeuf et l’aurochs les ont plus longues que le buffle.
(1) Voyez leurs relations dans Purchass, liv. V III, chap. V III, § i.
(2) Pennant, Artic. zool., p. 11.