de longueur à chaque perche, et l’on en a vu, tel que celui du docteur
Percy, de 2,22, et celui de Wright de 2,4.2.
Or les plus grands bois d’élan que nous ayons vus', et personne
n’en cite de supérieurs, avoient leurs perches longues seulement
de 0,92.
Mais des différences encore plus essentielles sont celles qui tiennent
à la forme de la tête et surtout du museau, et que Camper avoit déjà
très-bien saisies et indiquées (1).
Ainsi que nous l’avons vu ci-dessus, le mufle cartilagineux et charnu
de l’élan est singulièrement renflé, et sa lèvre supérieure se prolonge
plus qu’à l’ordinaire; c’est même ce. qui a fait dire long-temps qu’il
ne pouvoit paître qu’en reculait. Cette organisation exigeant plus
de place pour les parties molles, a beaucoup réduit les parties osseuses,
et extraordinairement élargi et allongé les ouvertures osseuses
des narines, en raccourcissant les os propres du nez.
Il résultedelà, i°. que les os intermaxillaires, au lieu de remonter
jusqu’aux os propres du nez ou fort près d’eux, finissent en pointe
sur le milieu du bord antérieur des maxillaires ; 20. que les os propres
du nez, au lieu de se terminer comme dans le cerf à quelques
pouces en avant des mâchelières, finissent au-dessus de la seconde ;,
3°. que la longueur des narines osseuses extérieures fait presque
moitié de celle de la tête, tandis qu’elle n’en est pas le quart dans
le cerf.
Or rien de tout cela n’a lieu dans notre animal fossile; son museau
est fait comme dans le général des cerfs, et s’il en est un auquel il
ressemble plus qu’aux autres par la forme de sa tête, c’est le renne.
- Comme le renne il l’a aplatie entre les yeux, mais un peu moins
concave; ses espaces nus sont encore plus petits, mais c’est le renne
qui en approche le plus à cet égard; en sorte que le nom de renne
gigantesque lui auroit mieux convenu encore que celui d’élan.
Il faut remarquer que la tête fossile ne suivoit pas pour la grandeur
la monstrueuse proportion de son bois; au contraire, les plus
{t)' Novl.act.'Petrop., II, 1788, p. 285.
grandes têtes fossiles sont plus courtes que des têtes ordinaires d’élan.
Un élan de 6 pieds 2" au garrot avoit, selon M. de Wangenheim,
la tête longue de 2' 6" ; mais en suivant les courbures et en y comprenant
la lèvre. L ’élan empaillé de notre cabinet, haut de cinq pieds,
n’a la tête que d’un pied neuf pouces ou 0,57 ; mais elle n’est pas
soutenue par le crâne, et la lèvre en est retirée et raccornie. Autant
que j’en puis juge'r, en comparant la tête de notre squelette d’élan
avec une portion de celle de l’élan empaillé, celle-ci de voit avoir ,
sans les chairs, o,53 ; d’où je conclus pour la longueur de celle d’un
élan de six pieds de haut, o,63. Mais je vois aussi, par des portions
de crânes attachés à nos grands bois, qu’il doit y avoir des têtes de
0,7, ce qui annoncerait des clans d’environ sept pieds. Camper dit
que les élans ordinaires ont la tête osseuse, longue de plus de deux
pieds du Rhin ou de 0,62, et que celle qu’il possédoit, quoique d’un
jeune élan, étoit déjà pins longue qu’une tête fossile.
En effet, le plus grand bois dont on ait des mesures exactes, celui
de Dromore, est porté par une tête qui n’a qu’un pied onze pouces,
et demi anglais ou o ,5g5.
La tête de- Kinowlton n*a que 1' 10" ou 0,557 ; celle Razou-
mowsky 1' 7" franç. ou o,5i 5 ; nos deux têtes entières ont l’une o,53,
l’autre o,5i ; celle de Molyneux seule est annoncée pour avoir deux
pieds anglais ou 0,607.
Si nous ajoutons à cette comparaison le fait prouvé plus haut, que
l’animal fossile n’avoit point le museau renflé ni la lèvre prolongée
de l’élan, nous trouverons que, dans l’état de vie, sa tète devoit
encore plus différer de celle de l’élan, par la proportion de sa longueur
avec celle de son bois, qu’elle ne le fait dans l’état décharné;
mais elle étoit plus large à proportion de sa propre longueur que ne
seroitcelle de l’élan. Ces deux dimensions sont, dans le fossile, comme
un à deux et demi, et dans l’élan comme un à trois.
On a donc été obligé, pour chercher au cerf à bois gigantesque
un analogue vivant, de supposer qu’il existe en Amérique quelque
autre animal du genre des cerfs, et supérieur en grandeur à l’élan.
Pour cet effet, on s’est étayé de passages exagérés ou mal entendus