En France, la vallée de la Somme en est surtout plus riche qu’aucune
autre : les bois de cerf s’y trouvent par centaines, dans les
premiers pieds de profondeur, soit de la tourbe, soit du sable.
M. T ra u llé en parle dans le Magasin encyclopédique, 2e. année,
1 .1, p. 183, et t. Y , p. 35. Ce savant; zélé en a adressé au Muséum
des échantillons fort bien conservés, accompagnés de quelques os des
membres, très-reconnoissables; et l’établissement en doit aussi quelques
uns aux soins de M. Bâillon, son correspondant à Abbeville, qui
lui a procuré tant d’autres objets intéressans.
M. V a q u ez, notaire dans la même ville, en a envoyé récemment
de plus grands qu’aucun des précédées, trouvés dans les tourbes de
Bray, à une profondeur de 15 pieds.
11 y en a également dans d’autres provinces de France. Le cabinet
du conseil des mines possède de ces bois, qui ont été tirés des tourbières
du département de l’Oise, avec différens os de boeuf, des bois
de chevreuil, et des défenses de sanglier, par conséquent au milieu
de dépouilles des animaux du pays. Le même cabinet en possède un
fragment, déterré àFayence, département du Var, à huit mètres de
profondeur, avec des coquilles dont on n’a pas mentionné l’espèce.
Il existe un mémoire particulier de feu M. F a u ja s, sur des bois
de cerfs déterrés près de Montélimart, à quatorze pieds de profondeur,
dans du sable; c’est un des premiers ouvrages de ce
géologiste.
C’est encore un vrai bois de cerf que celui qui fut trouvé sous une
roche de grès, dans le sable, sur le chemin de Nemours à Montargis,
et que Guettard a fait graver (M ém . sur les sc. et les a rts, tome VI,
mém. X , pl. VIII, fig. a).
M. Brongniart en possède des fragmens qui ont été retirés d’une
crayère à Meudon, mais qui s’y trouvoient dans une fente de la craye
probablement remplie par le haut. Leur dimension est assez forte.
Il y en a jusqu’aux environs de Pétersbourg. On en a trouvé des
fragmens dans le parc de Paulofsh en 1799. (Nov. Act.Petrop., X V ,
de 1799— 1802, p. 83. )
J’ai comparé avec soin ceux des bois des tourbes de France, qui
se trouvent à ma disposition, avec ceux de cerfs du même nombre de
cors sans y découvrir d’autre différence qu’un peu plus de grandeur.
Par exemple, le plus grand des bois envoyés par M. V a q u ez, et
qui vient d’un d ix cors jeun èm en t, pareil à celui de notre fig. 6 ,
pl. I , lui est tout-à-fait semblable pour la figure ; mais leur rapport
est comme i5 à 9, c’est-à-dire que le fossile est plus grand même que
celui du cerf du Canada du même âge. Sa longueur, en ligne droite,
est de 0,78; dans un cerf commun elle est de 0, 1^5.
Il en est de même pour lagrosseur; je trouve des tronçons inférieurs
fossiles dont la meule est plus large que dans nos cerfs du Canada.
Mais je n’attache pas une grande importance à cette circonstance.
Il étoit naturel que dans l’état sauvage, au milieu d’une nourriture
abondante et non disputée ; les bois des cerfs prissent un développement
peu commun aujourd’hui.
Il seroit à désirer que l’on pût faire une comparaison aussi exacte
de ceux de ces bois qui ont été déterrés avec des os d’éléphans et de rhinocéros,
et de ceux qui se sont trouvés dans des cavernes avec des os de
carnassiers. Malheureusement ceux-là ne sont point entiers, en sorte
qu’il n’est pas aisé de s’assurer de l’identité de l’espèce ; je remarque
aussi qu’ils sont généralement plus gros que ceux des tourbes.
Ce que j’ai des autres os du département de laSomme, une moitié
inférieure du tibia, un métatarse ou canon de derrière, deux astragales,
ne diffère pas sensiblement, même pour la grandeur, de leurs
analogues dans le cerf commun.
A r t i c l e VI.
Sur des bois et dents de Montabusard, appartenons à une espèce
inconnue, à peu p rès de la ta ille du chevreuil.
J’ai parlé déjà en plusieurs occasions (1) de cette carrière de
calcaire d’eau douce du hameau de Montabusard, commune A’Ingré,
département du L o ir e t, d’où M. Defay, naturaliste d’Orléans, a 1
(1) Nommément au t. I I , Ire. p a rt ., p. 212 et suiv^