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trine et le devant du ventre sont roux, et le bas ventre et les cuisses
seuls blancs.
Les voyageurs auront à rechercher si c’est le même faon dans une
autre saison, ou sinous n’avonspoint là l'indication d’encore uneespèçe.
Pour compléter l’Histoire des cerfs de l’Amérique, méridionale,
il reste à leur appliquer les synonymies de Margrave et de Barrère.
Selon Margrave, le cuguaçu-été, pag. a35, ressemble au chevreuil
sans bois; sa tête est longue de sept pouces, ses oreilles de
quatre; son tronc, sans le cou ni la queue, de deux pieds; son poil
est lisse, roussâtre sur le corps et les membres, brun sur la tête et
le cou , blanc sous la gorge et le bas du cou; le dedans des oreilles
et le dessous de la queue sont blancs; le faon est marqué de belles
taches blanches qui s’effacent par la suite du temps. j
Voilà sans contredit, la femelle de notre petite espèce rouge-bai.
Le cuguaçu-apara est un peu plus grand, mais de la même couleur;
ses bois, dont la perche est longue de huit à neuf pouces, ont
inférieurement un fort andouiller, et sont fourchus dans le haut ;
ce seroit également, par les bois, le chevreuil d’Amérique de Dau-
benton, c’est-à-dire ce cerf blanc que je crois si voisin du cerf de
Virginie, et le guazou poucou ou premier cerf rouge de d’Azzara;
mais par la couleur il paroîtroit que c’est plutôt le guazou poucou.
Pison, pag. 97 et 98, rappelle ces deux noms, mais il fait le cuguaçu
apara , plus petit que le cuguaçu-été ; il en décrit le bois
d’après un individu où il étoit encore velu, et par un quiproquo
d’imprimeur, donnesousle nom de cuguaçu-été, une figure à cornes
à trois branches, assez semblable à celle de notre cerf blanc.
Quant à Barrère, que faire de sa. biche des bois, cervus major
comiculis brevissimis, et de sa biche des Palétuviers, cervus minor
comiculis brevissimis, si ce n’est de supposer qu il en a parle sans les
avoir vues ni comparées ; au reste, si l’on consulte encore Bajon dans
son H istoire de Cayenne, t. II, pag. 180, qui ne fait que trois espèces
: la biche des grands bois ou grande biche, la biche des Palétuviers
ou petite biche, et le cariacou, de moitié plus petit que les
autres, dont les mâles, dit-il, portent tous des bois moins grands que
VIVAIS.
ceux d'Eairope, mais avec des.ajidauillej;s^, et.doat los.petits-sont tous
marqués de blanc et de fauve ; on voit que dans le pays même , les
dénonainationsine sont guères plusfixesqnerlee descriptions ne sont
précises etles observations exacte. oq
©dtipeut-être cette dénomination commune, de b iche, qui a fait
croire riupère d/Aqosta ( Hist. BJat.,desIndes, lib. IV ;, c. iX W I V )
que tes eèr&d’Amérique.n’oin{.jamaiâ. dei,boisi ,
ILnousjxesta-à parler des-deux grandes! et célèbres, espèces qui
habitentule jjard des deux -contineùsjp Yélan et le renne. Dans les
anctensitemp&jiJorsque l’Europe-étoit plus .inculte et plus froide,
ils descendoient. plus iaumidi qu’à présent, et.il en.avoitjété fait,
aux Grecs-et. aux iRomains., . des .récits.,' à la vérité fort mêlés de
fables,;.et peut-être encore défjgurés par ceux qui lesmirent par
écrit,, maq où l'on peut toutcfois-à peu près les feeotmoîlre.
Ainsi,,.ce tarandus deScythie, dont parleVauteur.duliyr.e des
Récits MerveiUeux attribué à Aristote;, ,de la taille d’un boeuf, à
tête semblable à celle du c e r f, et qui change de couleur selon
les choses dont il approche., , n’est probablement que,le renne, dont
la couleur est si, diverse , et, qui souvent devient, blanc,pn hiver.
Quelqu’un deces.Grecs qui négociaient en Seythie, et doçtHérpdote
avoit déjà reçu tant de contes extravagans, aura, entendu dire que
cet animal .changeoit de couleur; qu’il prenoit en hiver celle de la
neige ; et iL.aura embelli l’histoire au point oùm.ou£ H'.Wyoçs» et
comme l’ont copiée Antigone de Caryste ,iThéophraste ,Elien , Pline
et vingt autres,(Q.
Il en est à peu près de. même du boeuf à figure de cerf de la forêt
Hercinienne, dont par le César (de Bell Galliç,, lib. VI,.c. 26) , dont
le mâle et la femelle.portoient sur le front une seule corne divisée en 1
(1) On trouvera le recueil des passages des anciens sur le Tarandus dans le commentaire
de jBeckman, sur le traité de mirabilibus auscultationibus, Goett. ij8 6 , in-4° . , p. 65 et
suiv. ; à la vérité l’auteur pense que le tarandus est l’élan; mais je ne puis adopter son
opinion.