Tous les morceaux de Gibraltar que j’ai pu observer, et ceux dont
mes amis m’ont procuré des figures ou des descriptions, ont confirmé
les rapports des naturalistes que je viens de citer.
J’en ai dû surtout une provision considérable à M. Chevalier,
-bibliothécaire du Panthéon, et célèbre auteur du Ployage dans la
Troade, qui les avoit arrachés lui-même du rocher.
Les morceaux d’ossemens sont lardés dans la pierre rouge dans
toute sorte de direction; et comme ils ne se touchent point entre eux,
il faut de nécessité que la concrétion qui les enveloppe se soit formée
à mesure que les os tomboient dans les fentes du rocher. Les os eux-
mêmes ëtoient en grande partie cassés avant d’être incrustés; ils
étoient depuis du temps séparés les uns des autres, et n’ont plus dans
leur position aucun rapport avec leur ordre dans le squelette. Cependant
ils n’étôient point roulés.
La concrétion rougeâtre ressemble singulièrement à de l’argile à
briques bien cuite ; elle est d’ailleurs criblée de petites cavités irrégulières,.
aujourd’hui toutes tapissées, et quelquefois remplies d’une
incrustation spathique.
Le plus grand nombre des fragmens-de pierre qu’elle renferme
sont d’un calcaire à gros grain saccharin et d’un gris foncé, quelquefois
avec des veines d’un spath blanc. Il y en a aussi de calcaire blanc
et grenu; la plupart sont anguleux; quelques-uns étoient.évidemment
roulés avant d’être incrustés. Leur grosseur va depuis celle du
poing jusqu’aux dimensions les plus petites. La stalactite est jaunâtre,"
à lames, cristallines brillantes; il y en a aussi dont la cristallisation
confuse représente des fibres parallèles d’un assez beau jaune, etc.
L ’intérieur des os fistuleux est tapissé de cette même stalactite,
.d’une épaisseur plus ou moins grande; les os sont calcinés et d’une
blancheur parfaite, mais ils ne manquent pas de dureté, on pourroit
même les considérer comme pétrifiés. L ’émail des dents est. intact et
d’un blanc pur.
Les empreintes de coquilles appartiennent à des limaçons terrestres;
il n’y a aucun vestige de coquilles marines.
Quant à l’espèce des os, je n’ai pu trouver, dans ceux que je possède,
que des morceaux peu considérablps,, çt que,j’fi,.fU.beaucoup
de peine à dégager; ils appartiennent tous , à des ruminans.
Une dent encore implantée, dans la mâchoire , pl, X I I I , fig, 1,
montre par ses trois demi-cilindres.et par les croissans doubles des
deux premières, quelle est une dernière molaire inférieure de ruminant.
La petite pointe placée dans le bas du sillon entre le premier
et le deuxième demi-cilindre, ne permet de la rapporter qu’au genre
des cerfs (1). Sa longueur de o,025 est à peine supérieure à celle
du daim.
La dent de la fig. 3 est également une dernière molaire inférieure
de ruminant ; elle a comme la précédente la petite pointe .caractéristique,
et sa grandeur de 0,027 ne diffère pas assez pour annoncer
une autre espèce.
La tête inférieure de fémur (pl. X I I I, fig. 2) se caractérise pour
celle d’un ruminant, par la longueur de son diamètre antéro-postérieur,
parce que son côté interne a b est plus long que l’autre, parce
que l’extrémité antérieure de ce côté a ne fait point saillie en dehors
de l’os, etc.,
Le premier de ces caractères ne permet d’en chercher l’original
que parmi les animaux à sabots; le second écarte le cochpn et letapir;
le troisième le cheval, l’âne, etc. Il ne reste.que les ruminans,
Les dimensions sont,,
de a éü ï d . . . . . . . . . . . ; ............................................................. ........................ 0,06
de c en d . . . . . . ........................ ................................ ....................... ••• • , ........ 9,9?
de f en ƒ . i ................................................ , . , , , ; -, i ;; .vv •
Ce seroit à peu près la grandeur du fémur d’un jeune daim. Par
conséquent cet os pourroit avoir appartenu à la même espèce que
les dents dont nous venons de parler.
J’en dis autant d’une portion de première phalange , pl.XV,fig. 14.
Elle est à peu près de la grandeur de celle d’un jeune daim; mais il
n’en est pas de même de la seconde phalange, pl. X V , fig. 13 ; elle 1
(1) Le guib seul, parmi les nombreuses espèces d’antilopes que j’ai examine'es, a cette
pointe comme les cerfs.