quel point l’àge peut élargir ces sortes de crânes, je ne trouve plus
cette différence aussi certaine à beaucoup près. J’ai tout lieu de croire
au contraire que tous ces crânes fossiles à front bombé viennent d’une
seule et même espèce.
Pallas (1) lui-même ne regardoit pas les siens comme différens de
celui que Klein avoit décrit dans le X X X VIL. volume des Transactions
philosophiques; or, celui-ci est absolument pareil à ceux
dont nous donnons des figures, et par conséquent ceux de Pallas
rentroient dans l’espèce fossile ordinaire et ressembloient autant
qu’elle à l’aurochs.
On n’a qu’à en effet comparer les dimensions données par M. Pallas
de sa tête fossile avec celles de notre aurochs de Schoenbrunn ; et
avec celles de nos aurochs fossiles de Bonn et d’ailleurs, pour être
convaincu de l’extrême ressemblance de toutes ces pièces.
Tête fossile
de
Sibérie.. .
Tête du
vieil Aurochs
de
Schoenbrunn
Crâne fossile
•de
Longueur depuis la crête occipitale jusqu’au bout des os
0,57
0,325
0,245
0,455 .
; 0,33 ' ;
o,325
Circonférence de l’arc occipital d’un angle mastoïdien à
o,if6 ' ;
Hauteur de l’occiput depuis le bord supérieur du: trou
Largeur du crâne entre les racines des cornes...................
— entre les bords extrêmes des orbites,................... |
0,3 770
0,382
u,26
q, 31*5’
o,36
o,385 ' !
Ce tableau montre de plus que le crâne fossile de Sibérie étoit un
peu moindre que celui de Bonn.
(.1). Noy. Conirh., X I I I , p. 462.
'(*) Ici Pallas prend les racines des cornes d’après l’état dégradé-où elles, .sont dans le
fossile.
Ce crâne de Sibérie est si bien conservé qu’il a encore en divers
points l’éclat d’un os frais. La substance cornée est restée adhérente
à spn noyau osseux, ce dont on n’a pas d’autre exemple. Elle est
seulement fendillée et divisée en lamelles en quelques endroits.
On possède encore au cabinet de Pétersbourg quelques fragmens
plus altérés, sans doute parce qu’ils avoient été trouvés dans des
lieux moins froids. L ’un de ces morceaux, qui est un occiput, a
entre les angles mastoïdiens 0,347; entre les bases des cornes o,33; le
noyau de ces cornes est long de o,535 et a o,35de contour à sa base.
Le crâne entier avoit été mis à découvert par une inondation
de la rivière A’Ilg a , près du fort du même nom, et donné à l’his—
torien Gérard Frédéric M illier , par le chapelain de ce lieu, pendant
le voyage que Muller fit avec Jean George Gm elin, de 1733
à 1743(1). Gmelin donne l’énumération des endroits où de pareils
fragmens furent trouvés, et qui étaient tous de la partiede la Sibérie
la plus voisine de l’Amérique, dans les environs du fleuve Anadyr, le
plus reculâvers l’orient et le nord de tous ceux de cet immense pays.
Cette circonstance, jointe à celle que l’on trouve aussi en Sibérie
des crânes d’une autre espèce que l’on n’a pu distinguer du boeuf
musqué d’Amérique, fera peut-être penser que les grands crânes du
présent article viennent aussi d’une espèce américaine: de ce bison
dontla tête osseuse ressemble si complètement et à l’aurochs et à nos
crânes fossiles eux-mêmes ; c’est ainsi que l’on expliqueroit leur existence
en Sibérie, tandis que l’aurochs n’y habite aujourd’hui nulle part.
Mais on trouve de ces crânes sibériens dans des lieux plus rapprochés
de nous. Pallas pendant son voyage en a recueilli sur les bords
de l’Irtisch et du J a ïk , et en a reçu un des régions les plus boréales
vers le bas Oby (2).
L ’espèce est donc enfouie en réalité dans toute la partie boréale
des deux continens, puisqu’on en a d’Allemagne, d’Italie, de Prusse ,
de la Sibérie occidentale et orientale, et de l’Amérique. 1 2
(1) Voyage de J. G. Gmelin en Sibérie, t. III, p. 253. N. B. On n’a en Fran çais de ce
voyage important qu’un extrait fort mal fait* par Kéralio, en 2 vol. in- 12 , Paris 1767.
(2) Nov. Comment, vol. X Y I I , p. 606.