Les anciens grecs en ont connu un dès le temps d’Homère qu’ils
nommentpardalis ( i) , qu’ils représentent toujours comme voisin du
lion pour la force et la cruauté, et comme ayant la peau variée de
taches (2). Son nom même étoit synonyme de tacheté.
Les traducteurs grecs de l’Ecriture, emploient ce nom de pardalis
comme synonyme de celui de namer qui revient souvent dans les
livres saints, et en effet avec des désignations toutes pareilles à celles
du pardalis des grecs, et qui avec peu de mutation signifie encore
aujourdhui la panthère chez les Arabes (3).
Le nom de pardalis fut remplacé à Rome par ceux de panthera
et de varia. Ce sont eux qu’emploient les latins des deux premiers
siècles toutes les fois qu’ils ont à-traduire les passages grecs qui parlent
du pardalis ou qu’ils ont eux-mêmes à parler de cet animal (4).
On se sert aussi quelquefois du mot pardus, soit pour pardalis
(5) soit pour namer (6). Pline même dit que pardus désignoit
le mâle du panthera ou varia (7).
Réciproquement les Grecs traduisirent panthera par le mot pardalis
(8).
Le mot panthera quoique d’étymologie grecque, n’avoit donc pas
conservé le sens du mot ttavSii^ qui est plusieurs fois marqué comme
différent du pardalis (9), et dans un endroit comme petit et peu 1 2 3 4 5 6 7 8 9
(1) Ménélas , dans le 10e. liv. de V il., se couvre de la peau tachietëe d’Un pardalis, et
dans le 17 e. iiv. le pardalis est mis à côté du lion pour la force.
(2) Aristote, de Gener. An. , lib. V , cap. 6 ; Physiognom., cap. 5 ; Hist. A n . , lib ., II,
cap. 11. Æ lia n ., Var. H ist., lib*. X IV , cap. 4- Nonnus, Dionys ., lib. Y (id.). Oppian,
Cyneg., lib. III, v. 74* Pàiisan., Arcad. Strab., lib. II.
(3) On peut voiries passages dans l’Hierozoïcon de Bochart, lib. I I I , cap. YH.
(4) Varro, de Ling. La tin ., lib. IV ,au mot câmelo—parâalis ; et Horàt., lib. I I , ëpîst. I ;
Plin. y lib. V I I I , cap. 17 êt 37 , lib. X X V I I , cap. 2 , lib. X X X V I I , cap. 1 1 , etc.
(5) Martial., lib. I , epigr. io 5 -, P lin ., lib. V I I I , cap. 19.
(6) Saint Jérome dans sa traduction de la Bible met toujours pardus pour namer.
(7) P lin ., ubi sup., et lib. X , cap. 73 ; Lucan., Pharsal. ,' lib. V l.
(8) Pluïarquè in Cicer., faisant allusion aux demandes répétées de panthères faites à
Cicéron par Coélîus.
(9) Xenoph., Cyn eg., cap. X I ; Athenoeus, lib. V , p. m. 201 ; Jul. Pottux, Onomast. ,
lib. X V , cap. i 3.
courageux (i). Cependant les latins l’ont aussi quelquefois*employé
pour traduire le mot {?•')■ } et les Grecs du Ras—Empire,
séduits par fa ressemblance des noms, ont pu attribuer au panther
quelques-uns des traits qu’ils trouvoient dans les latins sur le panthera
(3).
Bochart, qui sans connoître par lui-même ces animaux, a recueilli
et comparé avec une grande sagacité tout ce qu’en disent les anciens
et les orientaux, cherche à éclaireir ces contradictions apparentes au
moyen du passage où Oppien caractérise deux espèces de pardalis •
les grands à queue plus courte, et les moindres à queue plus longue (4).
C’est à cette espèce inférieure que Bochart croit que pouvoit
s’appliquer le nom de Travfluç.
Or, il se trouve en effet dans les pays connus des anciens deux animaux
à peau tachetée; la panthère ordinaire des naturalistes, et cet
autre animal que d’après Daubenton l’on nomme aujourd’hui
guépard.
Nous verrons bientôt que les auteurs arabes y ont aussi connu et
distingué deux de ces animaux; le premier sous le nom de nemr,
l’autre sous celui d efoh d , etbien que Bochart regarde le/èôo'.comme
répondant au ly n x , j’ai tout lieu de croire que c’ est plutôt le guépard.
Ce guépard seroit donc selon moi le panther, et en effet rien de
ce que les grecs disent de leur panther ne répugne à cette idée.
Tantôt ils l’associent aux grands animaux (5),.tantôt à ceux de petite
taille (6), ce qui annonce qu’il étoit d’une taille moyenne; ses .petits
(,i) Oppien, Cyneget. , lib. I I , v, 570. Il l’associe au chat.
(2) Pline, lib. X , cap. 63 , traduisant un passage d’Aritote, Hist. Anim. , lib. V I , cap. 35.
/ (3) Eustathius, in Hexaemer, p. 38 , rapporte au panther. en même temps qu’au pardalis
des traits attribués au seul pardalis par Aristote .et Elien.
(4) Cyneg., lib. II I , v. 63 , sq.
(5) Xenophon, loc. cit. , le met avec les lions, les pardalis , les ,o$rs. P o llu x , loc.-cit.,
non-seulement l’associe aux mêmes espèces, mais les oppose ensemble aux petites, tels que
renards, thos, loups, etc.
(6) Oppien, loc. cit.