» Il se trouve aussi de cette concrétion dans quelques cavernes;
» mais il y a des preuves ( dit le major Imrie) que celles-là ont
» autrefois communiqué avec la surface.
- » Dans les fentes étroites, la concrétion est entièrement durcie
» à 6 pieds de profondeur ; dans les endroits plus larges, elle ne l’est
» pas à_ douze; dans les grottes où elle forme de grandes masses,
» elle est divisée en lits , séparés par des couches minces de spath.
| .Des os n ont pas éprouvé la moindre pétrification ; ils sont plu-
» tôt calcinés, et se laissent entamer aisément.
» Ils sont de différentes grandeurs et dans toutes sortes de direc-
» tions; les cavités des plus grands contiennent de petits cristaux de
» spath blanc ; mais dans la plupart il n’y a qu’une croûte rougeâtre,
» à peine transparente.
: ; » H n’y en a pas également partout ; à la base de la montagne,
» la concrétion ne contient que des débris du roc principal; dans les
» endroits, où les pentes sont rapides, on voit des brèches entière-
» ment composées de coquilles de limaçons avec une croûte spa-
» thique jaune-brun ; leur intérieur est rempli d’un spath plus pur.
» Du cote de 1 Espagne, à une grande hauteur, il n’y a qu’une
» terre calcaire rougeâtre, ne contenant que des os de petits: oi-
» seaux ; qui sont probablement les restes des éperviers qui nichent
» en grand nombre autour de cet endroit.
» Au nord de la montagne, c’est toujours dans les. fentes vçjrti-
» cales, qu’on trouve la concrétion : mais à Rosia-JBay, à l’ouest de
» Gibraltar, dans un lieu qui doit avoir été une grotte formée par
» des masses informes de roc tombées l’une sur l’autre, la concré-
n tion a tout rempli, et est aujourd hui exposée à la vue, parce que
» la masse extérieure est tombée par l’action de la mer. C’est là
» qu’on mène les étrangers, et que, voyant les os opcuper un
n grand espace, ils adoptent l’idée que tout le rocher en est com-
» posé,
» On peut cependant suivre la communication de cette grotte
y> jusqu a la surface; mais le haut en est aujourd’hui couvert par le
» rempart.
» Il y a de ces os (dit toujours W .Im iié )qui ont l’apparence
» d’être humains, dispersés parmi d’autres dé différentes espèces et
» grandeurs, jusqu’aux moindres os de petits: oiseaux. J’y ai trouvé
« (ajoute-t-il) une mâchoire complète de mouton, avec toutes ses
» dents, dont l’émail étoit parfait, et la blancheur et le lustre sans
» atteinte. Les ouvriers employés aux fortifications trouvèrent un
» jour vers le haut de la montagne, à une grande profondeur, deux
» crânes que l’on supposa humains; mais l’un d’eux, sinon tous les
» deux ( dit M. Imrie ) me parut trop petit, et ses os étant parfai-
» tement solides , ce qui prouve qu’il étoit adulte avant d’être in-
» crusté, j’aime mieux croire qu’il vient de l’espèce de singes qui
» habite encore en grand nombre la partie inaccessible des ro-
» chers (1). »
Le volume L X des Transactions philosophiques, pl. X , offre le
profil de l’une des parties du rocher de Gibraltar, où l’on trouve des
os à 45 pieds au-dessus du niveau de la haute mer. Cette figure accompagne
une lettre de John Boddington à W illiam Hunter
( ib. art. X X X V , p. 414 ) où se trouve l’une des premières relations
de ces os,:et il paroît que l’idée qu’il y en avoit d’humains étoit
en vogue dès ce temps-là; car W ill. Hunter la contredit dans sa
réponse, p. 4*5. « E n examinant ces o s, dit-il, y 'a i trouvé qu’ils
» ne sont pas humains, comme j e l ’avois cru d’abord, mais qu’ils
» appartiennent à quelques animaux. J e l ’a i reconnu avec l ’aide
» de mon fr è r e , en débarrassant les dents de la croûte q u i les
» recouvroit, et en mettant leur form e à découvert. »
John H unter, frère de W illiam , confirme cette assertion dans
les Transactions de 1794, i re. partie, pag. 412 • «.Les os de Gibraltar,
» y dit-il, sont de la fam ille des ruminons, du genre des lièvres,
» et de la classe des oiseaux. I l y en a cependant aussi qui ap-
» partiennent à quelque p etit chien ou renard. » *Il
(1) Ces singes., qui sont des magots (simia i/iims) , ont le crâne trop petit et trop différent
de celui de l’homme pour que l’on ait pu raisonnablement prendre l’un pour l’autre.
Il s’agit probablement ici de quelque portion de crâne de l’un des ruminans dont les dents y
sont si abondantes.