Les fentes y sont parallèles entre elles et pénètrent le roc à peu
près verticalement ; leurdirection est uniforme et du nord au sud.
C’est dans la plus large que l’on trouve surtout les ossemens.
La pâte de la brèche qui les renferme est d’un rouge-pâle ; ses
cavités sont tapissées ou remplies de spath calcaire. Elle renferme,
outre les os, des fragmens de calcaire gris et grenu : en un mot elle
ressemble autant qu’il est possible à celle de Nice, dont nous parlerons
bientôt avec plus de détails.
M. Provençal, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier,
à qui j’ai dû les premières notions de ce gisement, m’a procuré
quelques morceaux d’Antibes que j’ai examinés.
On en voit un pl. XIV, fig. 10 et 11 : c’est une portion de mâchoire
inférieure du côté gauche, contenant les trois dents de remplacement
dans un état moyen de détrition, et quelques restes de la première
arrière-molaire. Les trois dents entières sont d’un ruminant approchant
de la taille d’un daim médiocre.
Un autre de ces morceaux contient une arrière-molaire très-earac-
térisée d’un cheval de grande taille.
Ainsi les brèches osseuses d’Antibes contiennent des os des mêmes
espèces que nous allons voir dans celles de Nice.
A B TI CLE IV .
Des brèches osseuses de N i c e ( i ) .
Au-delà du Var, est encore une petite baie, au milieu de laquelle
se jette le Pa illon . Nice est placée sur la rive gauche de ce torrent.
Des collines d’un calcaire compacte blanchâtre, d’un grain saccharin, (i)
(i) La centrée qui entoure Nice, très-remarquable en géologie, ne fut-ce que par ses
dépôts de coquilles semblables à celles de la Méditerranée, et dans un état extraordinaire
de conservation, a ete décrite avec soin par M. Rlsso, dans un mémoire manuscrit présenté
en 1818 a 1 Academie et que nous avons consulte. On en trouve aussi une description et une
carte géologique parM. Thomas Allan, dans le VIIIe. vol. des Mém. de la Société royale
d’Edimbourg.
analogue à celui du Jura, s’appuyant sur d’autrëS collines d’un calcaire
compacte, terne, et analogue à celui que l’on nomme alpin,
s’avancent jusqu’au bord de la mer, formant ainsi en quelque sorte
le dernier éehelon des Alpes maritimes. Un de leurs caps nommé
M ont-Boron, et sur lequel est construit le fort de M on t-A lban ,
sépare le port de N ice de la baie de P ille fra n ch e , en dominant
sur l’un et sur l’autre de ces enfoncemens. Le port de Nice est au
pied occidental du Mont-Boron, et entre ce port et la ville, en face
du M ont-Boron, est un rocher isolé, appelé le Mont-dù-Château,
séparé des montagnes environnantes par une plaine basse. La ville
et le port communiquent bien ensemble par cette partie basse au
nord de ce rocher, mais pour leur fournir une communication encore
plus directe, on a coupé le Mont-du-Château du côté de la mer,
en sorte que l’on y a mis à nu plusieurs escarpeme ns qui en font
connoître la structure.
Elle' est aussi semblable que sa position à celle du rocher de
Gibraltar.
M. Faujas l’a décrite il y a quelques années en ces termes ( Ann.
du Muséum d’Hist. N a t., tom. X , pag. 409 et suiv. ) :
« Sa hauteur moyenne est de 40 mètres; la pierre calcaire dont
» il se compose est d’un gris cendré qui passe quelquefois au gris
» lavé de blanc, et d’ autres fois prend une teinte jaunâtre; son
» grain est fin ; sa pâte est dure et reçoit le poli ; des déchirures qui
» ont quelquefois dix à douze pieds d’ouverture, se manifestent
»• depuis le sommet jusqu’à la base, décrivant tantôt des diagonales,
» tantôt se courbant en arc de cercle, ou se croisant sur quelques
» points avec des ouvertures semblables, et formant alors de dou-
» blés cavités disposées en voûtes et en arcades. Ces grandes solu-
» tions de continuité sont remplies tantôt par une brèche composée
» d’une multitude de fragmens et d’éclats anguleux de la pierre
» calcaire qui constitue le rocher, d’une multitude d’ossemens frac-
» turés, de coquilles, étroitement réunis par un ciment d’un rouge
n ocreux, très-dur, mélangé de quelques veines d’un spath cal-
» caire blanc. »