guar, mais il faudroit une autre autorité que celle de Molina et
même de Sonnini, pour faire croire à un chat qui n’auroit que quatre
incisives, et cinq doigts à tous les pieds.
La description du puma donnée par Bolivar (in Hernandes Mex.,
pag. 5t8 ) , ne laisse au contraire aucun doute.
On peut mettre encore dans les espèces facilement reconnôissables
à cause de ses taches transvérses, et placer dans les premiers rangs
à cause de sa taille, le tigre des naturalistes, tigre royal des fo u r reurs
( felis tigris, L. ) ou grand chat fa u v e rayé en travers de
bandes irrégulières noires. ' '
C’est l’animal dont on a transporté dans l’üsagë vulgaire le nom
aux espèces h taches rondes, mais qui forme une espèce très-distincte.
Egal au lion pour la longueur , le tigre est plus grêle et plus svelte et
a la tète plus ronde. Il passe communément pour lé plus cruel des
animaux, et beaucoup de naturalistes le disent indomptable ; mais
nous en avons vu successivement trois, aussi doux, aussi apprivoisés
qu’aucune autre espèce de ce genre puisse le devenir; les Romains
l’avoient apprivoisé aussi (i), etl’on trouve même que lès empereurs
Tartares l’employoient & poursuivre les animaux à la chassé (a).
Il sé porte au nord, non-seulement dans le désert qui sépare
la Chine de la Sibérie, mais jusque entre les rivières d’Irtisch et
d’Ischim, et même jusqu’à l’Ob, quoique rarement (3).
Mais je ne vois pas qu’il ait jamais habité en deçà de l’Indüs, de
l’Oxus et de la mer Caspienne; aussi les Grecs l’ont-ils assez peu
connu. A ristote (4) et Théophraste (5) ne font que le nommer.
Néarque, l’amiral d’Alexandre, n’en avoit vu qu’une peau, ët M è- *2 3 4 5
(q Pline, lib. V III, cap. 17.
(2) Marco-Polo, lib. I I , cap. i 3 , ap. Ramusio, I I , 27 ; car dans les anciennes éditions
françaises le passage est altéré.
(3) Spasky, ap. Fischer Zoognos., I I I , p. 219. - >
(4) Hist. Anim., lib. V I I I , cap. 28; de Gener., lib. I I , cap. 7.
(5) Hist. Plan t., lib. V , cap. 6.
gasthènes ( i) , le seul des Grecs de cette'époque qui l’ait observé,
ne;paroît l’avoir rencontré que dans le pays des Prasiens (2), c’est-
à-dire près des bords du Gange. Par la même raison les Romains;
chez qui les animaux étrangers étoient amenés en si grande abondance,
regardèrent toujours le tigre comme une rareté. Pline, qui
le caractérise fort bien, dit qu’Auguste fut le premier qui le montra
au peuple, et qu’il n’en montra qu’un enfermé dans une cage et
apprivoisé (3). Ç’étoient des rois des Indes qui en avoient fait hommage
à cet Empereur (4). Claude en fit voir quatre, (g). Peut- être
étoit-rce en mémoire d’un spectacle .si rare, que fut faite la mosaïque
découverte il y a quelques années à Rome, près :de l’arc de Gallien,
où sont représentés quatre tigres royaux /dévorant chacun une proie ;.
ouvrage en pierres naturelles rapportées^ à Ja manière dp^mosaïques
de Florence. Ces animaux y sont rendus avec, beaucoup d’exactitude.
Les rapports des Romains.avec les Indes, par le nord-est, s’étant,
multipliés, on vit quelques autres tigres sou» les Empereurs suivans.,
Martial en parle spus Titus et sous Domitien (|S). Antonin Jju
montra (j).He'liogabale en attela ($).Gordien I I I en posséda jusqu’à
dix, le plus grand nombre qu’en ait eu aucun Empereur (9). Aurelien,
lorsqu’il triompha de, Zénobie, en fit paroître quatre, avec une
giraffe, Un élan et d’autres animaux des plus rares (10).
On ne peut douter que ces tigres ne fussent les mêmes que le
nôtre, d’après le caractère des bandes que leur attribuentPline(i 1),
(r) Nearch. ap. Arrian. Indie; y cap. 15. '
(2) $trab. p lib. XV.
(3) ?Lib. V III, cap. 17.
(4) Dion, lib. LIII.
(5) P lin ., ubi sup. ...
(6) S p e d ., epig. 18, et lib. I , epig. io5.
(7) Jul. Capitol, in Antonino Pio, ,cap‘. 10.
(8) Lamprid. in Heliogab., ,cap. 28.
(9) Jul. Capit. in Gordiano, III, cap. 33.
(10) J^opiscus in Aureliano, cap. 33.
(11) Lib. XIII, cap. 15.