Parmi les animaux tigrés de taille un peu inférieure , on a depuis long-temps
remarqué à cause de leur beauté et de leurs taches fauves bordées de noir, ceux
auxquels Buffon a donné le nom d’ocELOTcontracté de celui de tlatcd-ocelôtl
donné à une espèce voisine par l'es Mexicains selon Hernandès (Mexic., p. 5ia ) .
Cependant l’ànimal de Buffon n’est pas tout-a-fait le même que celui d’Hér-
nandès ; il n’a représenté, Hist. nat. XIII, pl. 35 et 36," que Téspèce de l’Amérique
méridionale, celle qu’on nomme chibi-gouazou} c’est-à-dire grand chat, au Paraguay,
selon d’Azzara ( Quadr. du Parag. I , i 5a); mais cette fausse synonymie avoit
déjà été donnée par Linnæus, qui dès sa dixième édition avoit très-bien décritle
chibi-gouazou d’après nature sous le nom de felis pardaliü.
Cet animal forme le type d’une petite série dont les taches sont à peu près disposées
dans l’ordre des siennes.
Le fond de son pelage est en dessus et aux côtés d’un gris plus ou moins brun ou
fauve, et blanc en dessous et à l’intérieur des cuisses.
Son-caractère le plus frappant consiste dans cinq bandes obliques, d’un fauwe
plus foncé que celui du fond, bordées de noir* ou de brun, qui occupent ses flancs
et se continuent sur sa croupe.
Une ligne noire va de chaque côté du sourcil au vertex * et deux autres partant
de l’oeil descendent obliquement et vont finir sous l’oreille,.endroit d’où part une
bande transverse noire qui s’interrompt sous le milieu du cou, et derrière laquelle
il Ven a deux autres également transverses. .*■
Quatre lignes noires régnent sur la nuque, deux sur les côtés du cou > trois plus
ou môinsinterrompues le long-dé l’épine; des mouchetures rondes couvrent l’épaule;
elles deviennent plus grandes sur la jambe, et sur les pieds où elles, forment même
quelquefois des bandes transverses ; sous lé ventre sont des taches noires isolées
qui se changent aussi en bandes à la face interne des cuisses. La queue a des taches
qui vers le bout forment des anneaux. La convexité de l’Oreille est noire avec une
grande tache blanche.
Cè chibi-gouazou est peu élevé sur jambes ; il'n’a que quinze pouces dèhauteur
au garrot sur une longueur de deux pieds six pouces sans la tête qui a six pouces ,
et sans la queue qui en a quinze de long.
Le véritable tlatco-ocelotl d’Hernandès , ou si l’on, aime mieux* l’ocelot du
Mexique3 me paroît être l’animal que. Buffon a; donné ;".tom. IX , pl. r8vV sous le
nom de jagûary\emême dont Schreber, pk GH', donne une autre figure èt qu’il
zpyeïïeznssponçaQujaguar.Qn.i voit au premier coup d-oeilque-ses-taehes , bien
que bordées comme celles du chibi-guazou jjieforment p a sm êm e , dgs-bandes
continues, mais demeurent isolées les unes des attirés ; et que de plus sa queue
est moins prolongée et ses jambes plus hautes.
Selon Daubenton cet animal avoit deux pieds cinq pouces de long sans la queue
sur. seize pouces de hauteur au garrot. L’individu qu’il a décrit n’est plus au
Muséum.
Je n’en ai point vu d’aussi grand qui fut ainsi tacheté ; mais le c h a t i , décrit par
mon frère dans la Ménagerie, y ressemble tellement que je serois tenté de l’y
rapporter, s’il n’en différoit beaüeoup trop par la taille.
En effet ce chàti felis imtis3 Fred. Guv. ) est de plus d’un quart inférieur au
chibi-gouaz'oti ; i\ est inférieur même au chat sauvage, n’ayant, quoique adulte, la
tête longue'que de quatre pouces et demi, le corps de dix-huit, la queue de d ix ,
et la hauteur au gàrrot de onze.
Lè fond de son pelage est d’un gris brunâtre, pâlissant sur les flancs, et blanc
aux joues et soirs le ‘Corps.
Lés taches-blanches ou noires de sa tête, de son Oreille , sont les mêmes qu’à
l’ocelot. Trois’Séries de taches noires régnent le long du dos; celles des flancs, des
épaules, et de la croupe sont d’ün fauve foncé, bordé de noir tout autour, excepté
au bord antérieur. Il ÿ en a sept ou huit âû-desstts l’une de l’autre. Quelques-unes de
celles dé l’épàule s’unissent en Une bandé oblique. Sur les jambes ce sont des tachés
pleines, un p'eu en forme de bandes ; elles sont plus petites sur les pieds, et il n’y
en a point sur lès doigts ; celles du ventre sont pleines aussi , mais nuageuses. La
queue a dix ou onze anneaux noirs.
Cette espèce vient du Brésil, et il me paroît qué c’est la même qtte Ms Schinz
n o m m e wiedii ( 1 ) / d’après i les individus qui lui avoient été communiqués
par M. le prince Maximilien de Neuwied.
Je n’oserois pas affirmer que le jaguar de la Nouvelle-Ëspagne de Buffon ,
suppl. III, pl. .39, fut aucun des trois animaux précédens ; ses taches sont mipux
enchaînées en bandes, et sous ce rapport il se rapproche encore davantage du
chibi-gouazou.
L’animal étoit jeune •, et avoit vingt-trois pouces de longueur depuis le museau
jusqu’à l’anus.
Le margay de Buffon (rt. XHI, pl. 37) {feljs tigrina, Gmel.) n’a été décrit que
d’après d^, individus jeunes, et peu prononcés dans leurs couleurs. Les ligpes et (i)
(i) Trad. allem; de mon Regne animal, 1 , 235.
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