SECTION II.
D e s o s f o s s i l e s d ’H t è n e .
Une hyène a été certainement très-abondante dans eet ancien
monde dont nous recueillons les débris; on trouve de ses ossemens,
non-seulement dans les mêmes carrières qui renferment tant d’os-
semens d’ours , mais encore dans les terrains d’alluvion où sont
enfouis des ossemens d’éléphans ; avant même que j ’en eusse parlé
dans ma première édition , on ponvoit en reconnoître dans les
figures d’os fossiles données par différens auteurs, quoique aucun
d’eux n’en fit une mention expresse.
E sp er, il est vrai, supposoit l’existence de l’hyène dans la caverne
de Gaylenreuth, mais c’est d’après la considération d’une vertèbre
atlas qu’il formoit sa conjecture, et cet atlas (Esper, Zool. pl. III,
fig. i ) est sûrement d’un ours. En revanche, les fig, c , d de
sa pl. X , qu’il croyoit venir d’un lion, sont à coup sûr de notre
hyène; La fig. c , est l’antépénultième molaire supérieure gauche; et
d , un fragment de la mâchoire supérieure gauche contenant la pénultième
et l’antépénultième molaires. Les fig. 4 et k me paroissent
encore la pénultième molaire d’en haut et la dernière d’en bas ;
mais comme elles sont mal dessinées, il seroit possible quelles
vinssent d’un tigre.
C ollini a décrit au long et représenté fort exactement, dans les
Mémoires de l’Académie de Manheim, tom. V , pl. I I , une tête et
une moitié de mâchoire inférieure, trouvées au milieu du sable, vers
la surface d’une des collines qui bordent la vallée où est située la
ville d’Eichstoe dt, et à trois lieues de cette ville, entre les villages
de H aldorf et de Reiterbuch.
Après beaucoup de raiso’nnemens, il finit par conclure que c’est
peut-être celle d’un phoque on d’un épaulard inconnu; mais le fait
est que le premier- eoirp-cVeeil comparatif jeté -sur sès-figures y y fait
reconnoître incontestablement une tête d’hyène. Le nombre et la
figure de toutes les dents,da forme.générale, et surtout l’élévation
extraordinaire de la crête sagitto-occipïtâle, frappent sur-le-champ
de manière à ne laisser aucun doute.
Kundman ( Bar. n a t'èta rt. ), pl. I I , fig. 2, donne la figure d’une
dent tenant à la mâchoire et arrachée par lui-même au roc dans la
caverne de Bauman. Il la prend.ridicnlement pour une dent de veau,
mais elle est à’hyène; c’est la dernière molaire d’en bas du côté droit.
On trouvoit donc déjà dans les ouvrages imprimés,; des preuves
suffisantes de l’ancienne existence d’une espèce quelconque d’hyène,
en trois endroits différens d’Allemagne. J’en donnai lors de ma première
édition des preuves particulières par rapport aux grottes de
Gaylenreuth et de Muggendorf: elles se fondoient en partie sur
des os, donnés, avec ceux d’ours* à ce Muséum, par le dernier margrave
<¥ A n sp a ch , et par M. de Roissy ; savoir des portions de mâ-
. choiras inférieures que l’on voit pl. X X IX , fig. io y i 3 , *5 , et
pl. XXXII,fig. 1, 2; en partie sur les dessins que m’avoit envoyé
M. Adrien C am p e rdes morceaux de son cabinet , et dont je donne
des copies, pl. XXIX, fig. 5 , 6 et 7. J’y ai ajouté depuis d’autres
os en grand nombre que j’ai observés chez M. E b e l à Bremen.
Je donnai encore de ces preuves par rapport à un quatrième
endroit d’Allemagne, la vallée du Necker près de Canstadt, déjà si
célèbre en géologie par cet amas d’osd’élèphans découvert au commencement
du dernier siècle.
Je devois ces derniers renseignemens à mes amis du Wirtemberg,
MM, Kiehneyer et A uten rieth, et M. Jceger, qui m’ont envoyé
des dessiqsTjdes os recueillis à Canstadt, en 1700, parmi lesquels,
avec ceux d’éléphans, de rhinocéros et de chevaux, se trouvent un
crâne et plusieurs dents d’hyène.
On peut se rappeler que ce dépôt de Canstadt, à un mille de cette
ville, contenoit une infinité d’ossemens, dans une masse d’argile
jaunâtre mêlée de petits grains de quartz, de pierres calcaires roulées
et de quantité de. petites coquilles d’eau douce blanches et calcinées. WW. * 1 5o