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évidemment qu’à l’aurochs. Bock est formel sur cette unité actuelle
de l’espèce (i) ; 'et Gilibert, qui a observé d’aurochs vivant et 'en a
fait l’anatomie, et qui a-vécu dans le pays, ne marque pas à cet égard
le moindre doute (a). jfi
Par conséquent s i, comme on, ne peut guère en douter , l’Europe
continentale a possédé,en effet, un urus, un ihur différent. de-,-son
bison ou de Vaurochs des Allemands, ce n’est plus que dans ses
débris qu’on peut retrouver la trace de cette espèce. Or, on retrouve
réellement cette trace , comme nous le verrons dans la deuxième
section de ce chapitre, dans les crânes d’une espèce, xLe boeuf différente
de l’aurochs, enfouis dans les couches-superficielles de'certains
cantons.
Ce doit être là le véritable urus des anciens, l’original de notre
boeuf domestique, tandis que Y aurochs d’aujourd’hui n’est que le
bison ou le bonasus des anciens, ,.,espèce qui n’a jamais été soumise
à l’esclavage, ainsi qu’ils le disent déjà.
Si quelque animal pouvoit être considéré comme provenu plus
directement que notre boeuf domestique de cette ancienne espèce,
ce serait le prétendu bison blanc encore conservé dans quelques
parcs d’Ecosse (3).
Une belle figure que j’en possède me prouve qu’il ressemble
presque en toute chose à notre boeuf domestique (4). Pennant (5)
qui en a vu à Drumlanrig chez le duc de Queensbury •, et à C hil-
lingam-castle chez le comte de T ancarville, nous apprend qu’ils
n’ont point la crinière que leur attribuoit Boethius (6) , sans doute
sans l ’avoir vue, et trompé par ce nom de bison qu’on leur donnoit.
On a vu ci-dessus que César ne place les urus que dans la forêt 1 2 3 4 5 6
(1) Hist: Nat. de Prusse, t. IV, p. 198.
(2) D e , Bove uro sçu de Bisone Lithuanico, dans ses Opuscula phytologico-zoologie a
prima, p. 62,
(3) Forster ap. Buff. , Suppl., V I , p. 48.
(4) Voy. aussi la figuré qu’en donne Bewick, Gener. Hist, of Q uadrup., p. 38.
(5) Pennant, Tour in Scotland , vol. II, p. 1,22,, et vol. I I I , ,285.
(6) Hector Boethius, in Descr. regn. Scot. ; et ap, Ç ^ n e^ uéd,%de i,6p£, p. ,i 3i .
VïVANSt 1*7
Hercinienne y c’est-à-dire en Allem'agnë ; mais Servîtes {ad Georgi&.y
lib. I I , vers1374 )' 'dit qu’on en trouve' dans les'Pyrénées y McG
c r o b e f l’occasion du même vers-j prétend (Satura; V I , Oi 4 )'qu’l<-
rus est un mot gaulois, et M. Goldfuss, dans son Mémoire, sur le
tigre ou lion fossile de> Gaylenreuth (r)y nous apprend que le taureau
commun s’appelle encore ur cri plusieurs1 heux de la Suisse.
Il estleertain qu’il 'y avoit? enêore 'sous la première dynastie de nos
rois une race de boeufs sauvages-dans les Vosges , comme: le montre
le bubalus qui occasionna l’acte de cruauté du roi Gontranv, rapporté
par Grégoire de T oürs, lib. X , e. X (a ). 1 :
C’est aussi dans les-Vosges et dans les Ardennes qué le. poète
Fortunat (lib. V I , poem. IV ) fait chasser au bubalus son ami'
Gogon, ce fameux maire du palais d’Austrasie, le premier'de, èes
officiers dont il soit parlé dans l’histoire; ■,
' Ardennaf an FosaguS, cervi, caproe, lïélicis ursi
Coede sagittifera silva frâg’dréltoTïùt, '1 i ;
, SeuAialidi Bubali farit inter, cornua çç.pipum. ..
Leisens du mot bubah/s dans cos déiix: passages n’é'St'pas douteux:,
car l’auteur dii martyre de Saintë-Gênèvièvé , dit que le bubaluS' est
le même que les Germains nomment urus.
Lorsque j’ai publié, dans ma première édition, l’ébauche de la
comparaison précédente entre l’aurochs et le boeuf domestique, on
n’avoit pu encore étudier suffisamment le grand boe uf sauvage de
VAmérique septentrionale, ou buffalo des Anglo-Américains ( bos
americanas, Gm. )., et n’en ayant vu que des figures extérieures ,
(i) Recherches sur les os fossiles extraites du t. X des nouveaux Mémoires des curieux de
de la nature, p. 47 j note.
(a) Un chambellan du ro i, le neveu de ce chambellan èt le garde chasse périrent parce
que l’on avoit tué induement un bubalus dans une forêt royale située dans les Vosgës.
Agathias, lib. I , cap. I I I , dit aussi que ce fut un bubalus ou boeuf sauvage qui occasionna
la mort du roi Théodebèrt' I8r. ; mais comme il ne fixe pas le lieu de l’aventure, elle a' pu
arriver en Allemagne, d’âûtant qiie c’étoit en Austrasie que régnoit Théodebert : d’ailleurs
tous les autres historiens font-mourir ce prince de la fièvre.