brèche, est d’autant plus remarquable qu’il n’ existe aujourd’hui en
Sardaigne aucune espèce de de sous-genre: ni notre rat d’ean ,ni notre
petit campagnol des champs, ni aucune autre ; on n’y voit pas même
la souris commune. Cetti est formel à cet égard. « Je me suis procuré
» des rats, de tous les points du royaume, des côtes et de l’inté-
» rieur; ils etoient tous d’une seule espèce. » Il prétend que c’étoit
celle du gros rat domestique (mus m ttus) ( i ) ; mais comme il ajoute
aussi que son ventre est d’une blancheur parfaite, on peut encore
douter de cette partie de son assertion, et néanmoins il ne peut
s etre trompe sur le sous-genre; la queue seule l’en aüroit empêché.
Ce morceau si peu considérable m’a fourni encore de quoi établir
une espèce d’insectivore du genre des MtrsABAiGSÈS H la première
que j’observe parmi les fossiles.
Je n’en ai que deux parcelles, à peine visibles pour tout autre
qu’un naturaliste, et qui n’en disent pas moins dans un langage très^-
clair h quel animal elles ont dû appartenir.
Ce sont trois dents du côté gauche de la mâchoire supérieure, encore
implantée dans un fragmentde palais, que je représente, pl.XV,
27 > grossies quatre fois, et un humérus, grossi de même, fig; 28.
Les dents n’ont pas deux millimètres de large. Deux d’entre elles
(les postérieures) sont carrées et hérissées de pointes. Deux de ces
pointes ou pyramides occupent le bord externe et sont creusées en
dehors comme en cuiller et de manière à représenter le crochet d’un
bec d’oiseau de proie, ou à présenter chacune l’apparence d’être
divisée en trois pointes subordonnées. Le bord interne de la dent
en à une troisième qui est convexe vers le palais, et une quatrième
en arrière beaucoup plus petite : les trois plus grandes sont teintes
en Orange à leur sommet comme dans plusîenrs musaraignes, notamment
dans le sorex J'odiens ou musaraigne d’éan de Daubetton,
dans le sorex rend fe r , Geoffr., etc. L ’nne de Ces dents ( l’antérieure )
a sa pointe de derrière beaucoup moins large et moihS creusée , ët
celle de devant très-petite, de manière à ressembler un peu à une
( î) Cetti, Stor ia tiaturale délia S a rdegn a , t. I , p; iï f j .
première tuberculeuse de chien, c’est-à-dire, à montrer un tranchant
vers le dehors et un talon vers le palais. Çes formçssont rigoureusement
celles des trois plus grandes mâchelières des musaraignes, telles
qu’on les voit pl. XIX , et leur grandeur répond à peu près à celles
de; la musaraigne d’eau.
L’humérus est également de musaraigne; on le reconnoît aisément
à la saillie de ses condyles des deux côtés de sa poulie articulaire, qui
le rend très-large d’en bas.
Enfin, dans ce fragment de brèche j’ai recueilli, en l’émiettant en
quelque sorte, une moitié de mâchoire inférieure de lézard du côté
droit ph peu près de la ferme et de la grandeur de nos lézards verts
du nord de la France.
Ainsi voilà dans un fragment à peine de la grosseur du poing , et
dont les os n’occupent même que la surface, des débris de quatre espèces,
dont une aumoins est bien certainement inconnue, et dont une
seconde est, sinon inconnue, du moins étrangère au pays environnant.
Que ne déçouvriroit-on pas si quelque habitant du pays se donnoit
pendant quelques-mois sur.une certaine quantité de ces brèches, la
peine] que j’ai -été réduit à prendre sur un si petit fragment.
A rt ic le IX.
Des brèches osseuses de Sicile.
La Sicile a aussi plusieurs grottes remplies d’ossemens, sur lesquelles
on n’a donné encore que des -relations fort incomplètes.
Outre toutes celles dont nous avons parlé dans notre premier volume,
pag.,97 et 98, il en est une auprès de Palerme, où il se trouva en
1667 ,. au rapport de B o relli dans «ne lettre au grand-duc de Toscane,
un squelette long de cinq brasses,idont les molaires étoient au
moins doubles de celles del’homme Q), C’est probablement la même
où le marquis Charles d-e V in tim ille conduisit K irch er, et dont les
(1) Bro cchi, Conchiol. subapenn., I , p._23§.