» mêlé que les crins du cheval; dans les parties basses il ressemblent
«' à la laine et sa’ couleur étoit entre le gris et le roux ; ‘ses cornes
5>: étoient noires et lisses, grandes d’une palme, et pouvant contenir
„ un liémichous. Enfin sa queue étoit petite relativement à sa
» grandeur. »
Jusque-là il n y avoit rien qui ne répondît parfaitement à Xaurochs
tel que nous le connoissons; mais Aristote ajoute (r) que « les cornes du
» bonasussont recourbées l’une vers l’autre ou vers le bas et ne lui
»'servent pas pour sa défense, >f et cette circonstance, qui probablement
étoit un accident de l’individu qu’il àvoit observé, qui se
retrouve même exactement dans l’une des cornes de notre squelette
d’aurochs du Muséum, ayant frappé, plus que toutes les autres,
les compilateurs qui ont copié ce grand naturaliste, elle est devenue
à leuts’ yèux le caractère essentiel du bonasus j en sorte qu’on a
cherché cet animal bien loin .et inutilement, tandis qu’on l’avoit sous
les yeux (2).
Le second boeuf sauvage dont parle Aristote n’étoit point d’Europe,
mais d’A rachosie, c’est-à-dire de la partie de la Perse la plus voisine
des Indes. « U diffère du boeuf domestique comme le sanglier
»' diffère du cochon; il est noir ; d’une apparence robuste ; son nez
» est recourbé, et ses cornés fort couchées en dehors
yWûSAÀÔl'A (3).
\ ces traits qui ne reconnoîtroit le buffle? Ne comptons donc
point ce passage d’Aristote parmi ceux qui pourraient établir l’existence
d’une deuxième espèce sauvage en Europe.
Mais dans les auteurs plus récens nous trouvons deux espèces de
boeufs, toutes les deux d’Europe, et appelées l’une urus et l’autre
bison.
En comparant avec soin les passages où il en est question, on voit
que le bison se distinguoit par sa crinière laineuse, et Yurus par la
grandeur de ses cornes; Y urus portoit aussi parmi le peuple le nom * 2 3
(;) Loc. cit. et lib. I I , c. 7 ; et départ. Anim., lib. III; c. 2.
(2) Voyez Gesner, Aldrovandc, Jonston, etc., à l’art, du Bonasus.
(3) Hist. Anim., lib. I I , cap. Y i
de bubalus. César à la vérité n’a connu que ce dernier. « Le troi-
» sième des animaux propres à la fo r ê t d’H ercin ie, Y urus,
» (dit-il, Bell. Gall., V I , c. 28) n’est pas beaucoup moindre qu’un
» éléphant ; son apparence, sa couleur, sa forme, sont celles du
y> taureau ; mais il en diffère beaucoup par la grandeur et la figure
» de ses cornes. On les recherche , on en garnit les bords d’argent
» et l’on en fait des vases pour les repas les plus magnifiques.
Mais Sénèque et P lin e distinguent déjà l’un de l’autre.
Le premier oppose au bison à dos velu, Y urus à larges cornes (i).
Selon Pline (lib. V I I I , c. X V ) la Germanie produit deux genres
de boeufs sauvages , les bisons qui ont une crinière , et les urus
remarquables par leur force et leur vélocité, auxquels le peuple ignorant
donne le nom de bubale (2).
Cette distinction est suivie par des auteurs qui avoient vu de leurs
yeux ces animaux dans le cirque (3).
Que-le bison soit le même animal que le bonasus d’Aristote, ou
que notre aurochs d’aujourd’hui, c’est ce qu’indiqueroit déjà sa
crinière; mais Pausanias et Oppien ne laissent à cet égard aucun
doute.
Oppien décrit son bison presque dans les mêmes termes qu’Aristote
son bonasus, et lui fait habiter la Thrace (4).
Pausanias dit expressément que le bison est un taureau sauvage
de Pceonie (5) ; et dans un autre endroit que le taureau de Peeonie
est velu par tout le corps et principalement autour de la poitrine et
au menton (6).
(1) T ib i dant varies pectora tigres,
T ibi villosi terga bisontes
Latisqueferi cornibus uri. S enèque , Hippol., act. I , v. 63.
(2) Jubatos bisontes excellentique vi et velocitaie uros, quibus imperitum vulgus buba-
lórum nomen irhponit.
(3) IUi cessit atroX'bubalus atque bison. M a r t ia l , Speet., ep. XXIII.
Turpes esseda quod trahunt bisontes. Jd., I , CV.
(4) Opp., Cyneg., lib. I I , v. 160 et suiy.
(5) Pausan., Phoc., c. XIII.
(6) P au S an ., Bceot., c. XXI.