retiré, depuis 1778 jusqu’en 1781, plusieurs os d’animaux différons,
dont deux espèces au moins appartenoient au genre lophiodon, et
une autre au genre mastodonte.
Mais dans le nombre il se trouvoit aussi deux fragmens de bois,
cités par M. Defay (1), et des portions de mâchoires très-semblables
h celles du chevreuil. J’en ai vu quelques autres de même nature
envoyés au conseil des mines par M. P r o ze t, et récemment M. Bigot
de Morogues m’en a donné une partie considérable de mâchoire
supérieure, que j’ai placée au cabinet du roi.
On voit les fragmens des bois, pl. V I I I , fig. 3 et 4-
Us ressemblent certainement beaucoup à la bifurcation des bois
du chevreuil, mais leur ressemblance est à peu près aussi forte avec
des bifurcations de quelques autres bois, nommément du cerf de
Timor,pl. V , fig. 4 1 5 et comme on n’a pas ici la totalité de la corne,
on ne peut tirer de ces ressemblances aucune conclusion certaine.
Cependant cette ressemblance m’embarrassûit déjà beaucoup ;
d’un côté, je ne pouvois concevoir que notre chevreuil se fût
trouvé pêle-mêle avec des lophiodons et des mastodontes f de
l’autre, la parfaite ressemblance de la gangue ne me permettoit pas
de supposer que ces cerfs appartinssent à des bancs différeûs ; mon
embarras s’accroissoit par la ressemblance absolue des mâchelières
inférieures, telles qu’on les voit (pl. VIII, fig. 5 ); l’oeil le plus exercé
ne les distingueroit pas de celles du chevreuil ; heureusement les
supérieures me montrèrent des différences qui ramenèrent tout à la
règle.
On voit les six du côté droit et cinq de celles du côte gauche dans
le morceau donné par M. de Morogues et représenté ( pl. VIII, fig. 6).
Les trois arrière-molaires s’y distinguent déj à de celles du chevreuil ;
1°. par des pointes plus grosses à la face externe, en avant de chaque
demi-cylindre ; elles surpassent même celles de la plupart des cerfs ;
20. par un collet qui entoure leur base du côté interne,' il n existe
pas dans le chevreuil ; on le trouve dans quelques cerfs, nommé- 1
(1) L a nature considérée dans plusieurs de ses opérations, p. 5;7-
ment dans celui de Timor (c. peronii ) , mais il s’y élève en pointe
plus saillante entre les demi-cylindres. ^ :
Les différences des deux molaires antérieures sont encore beaucoup
plus fortes. Ces deux dents sont simples, tranchantes, divisées
en trois lobes, avec un collet à la base de la seconde seulement.
Tous les cerfs connus, comme la plupart des ruminans,ont à
leurs trois molaires antérieures deux croissans simples placés l’un en
dedans de l’autre. Les seuls chevrotains ont comme cet animal-ci
leurs deux premières molaires simples et trilobées, encore la seconde
a-t-elle à sa base interne un tubercule plutôt qu’un collet.
Ainsi, non-seulement ce petit cerf des antiques carrières de Mon-
tabusard, que l’on n’avoit jusqu’ici pu distinguer du chevreuil ,
n’ est pas un chevreuil, mais il différé de tous les cerfs connus par
un caractère presque générique.
Il m’est arrivé rarement de trouver une confirmation plus frappante
de mes règles générales, et plus j’avance dans ces sortes de
recherches, plus je me persuadé que ces identités des espèces anciennes
avec les vivantes, que moi-même je ne suis pas encore en
état de réfuter , disparoîtront à mesure que 1 on connoîtra les
premières de ces espèces plus complètement.
Les six molaires supérieures occupent une longueur de o,o6 5 ,
exactement comme dans le chevreuil. ■
La gangue m’a paru la même que celle qui enveloppe les os de lophiodon.
C’est un calcaire marneux rougeâtre, rempli de petites
fentes, et contenant quelques coquilles d’eau douce.
A r t i c l e V I L
Sur des lo is et os de chevreuils trouvés dans des tourbières.
Ce qui ne rentre pas moins exactement dans les faits généraux, c est
que l’on trouve de vrais bois de chevreuil dansles tourbières et dans les
sables d’alluvion. Il y en a au cabinet du conseil des mines, qui ont
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