Dans toutes les espèces suivantes on observe des phénomènes
semblables ; le nombre des andouillers Croît d’après certaines règles
jusqu’à un certain âge, et ensuite on distingue les années par la grosseur
et la saillie des proéminences du merrain, et de la couronne.
L e grand cerf du Canada ( cert’us Canadensis, Gm.), Y elle ou
élan des anglo-américains, qu’ils nomment aussi en particulier élan
gris, par opposition au moose ou élan ordinaire, qu’on nomme
alors élan noir, a été long-temps confondu avec notre cerf d’Europe
par les naturalistes ; mais depuis que nous avons vu les deux sexes
des deux espèces à côté l’un de l’autre, nous ne fesons plus aucun
doute sur leur distinction , indépendamment des différences de leurs
bois (1).
Le cerf du Canada surpasse d’un quart le cerf commun; sa queüe
est beaucoup plus courte et ne forme presque qu’un moignon. Le
disque fauve de sa croupe est beaucoup plus grand, et la teinte en
est plus pâle, au point que quelques voyageurs ont pu dire que sa
croupe est blanche.
Le mâle et la femelle ont le dos et les flancs , en été, d’un fauve-
brun, sans ligne noire ni taches sur le dos ; et en hiver, d’un gris
blanchâtre légèrement teinté de fauve. La tête, le col, les jambes
(1) N. B. Il est essentiel de ne point avoir égard aux dénominations des voyageurs, des
naturalistes et des géograplies américains , à cause de la confusion ou les ont jetes ces noms
d’élan, de cerf et de daim, qu'ils ont appliqués indifféremment au véritable élan, à ce
ce rf du Canada et au cerf de Virginie dont nous parlerons bientôt.
Ainsi l’élan de M. TVardcn (Descr. des États-Unis, V , .635).est notre cerf du Canada ;
mais cet écrivain le confond à tort avec Y orignal des Canadiens, qui est le véritable élan ou
le moose; il suffit pour s’en convaincre de lire les témoignages rassemblés par Buffon , XII1,
p. q i. Mais M: Warden reproduit encore notre animal, p.. 63 7 , sons le nom de ce rf du
Canada, d'élan à cames rondes de Jefferson, de ee rf rouge, et p . 638 sous celui de wapiti.
Il est clair, par ses descriptions mêmes , que ces trois animaux n ’en font qu’un. Il adroit pu
s’en assurer relativement au wapiti, par la' synonymie donnée par le docteur Leach dans
l’article cité du Journal de Phys., juillet 1817; et quant à l’élan à cornes raridesy par
l’article de M. Jefferson, dans ses- observations sur la Virginie , trad. f r . , p. 126. Quant à
Heame, son élan ( trad. f r . I I , p. i4 ) est le véritable, ou l’orignal ou le moose; et soa
wewashîsh, ib., 176, est le ce rf du Canada.
sont d’un brun plus ou moins foncé; les marques de la tête diffèrent
peu de celles du cerf commun ; son col et sa gorge se hérissent à un
âge moins avancé que dans le cerf.
Le cerf du Canada a des canines comme celui d’Europe ; le bois
de cet animal commence par des dagues comme celui du cerf commun,
et augmente chaque année, à peu près dans les mêmes proportions,
mais il est toujours plus grand d’un quart au moins que
celui de l’année correspondante de notre cerf, et ses andouillers
supérieurs ne sont jamais rapprochés de manière à former une couronne.
Nosfig. 13-17 (pl. III) représentent des bois d’individus plus ou
moins âgés, mais dont le plus jeune dévoit avoir au moins six ou sept
ans. Celui de la fig. i 3 étoit anciennement au cabinet. Fig. 14, est
celui de l’individu dont la peau envoyée de New-York par M. Mil-
bert, est aujourd’hui montée au cabinet. Fig. i 5 , est celui de l’individu
décrit il y a 120 et quelques années par Perrault, et encore
conservé au cabinet. Les crochets qui terminent une partie de ses
andouillers ne sont qu’un accident provenu de ce que. ce bois avoit
crû pendant que l’animal étoit enfermé. Fig. 16, est un bois envoyé
de New-York, et fig. 17, le magnifique bois envoyé autrefois de
Versailles au cabinet, et décrit par Daubenton, t. VI, n°. DCIII,
et pl. XX V I. Il vient probablement des premiers envois faits lors
de la découverte du Canada.
Nous donnons fig. 18, 19, 20 , ce que nous avons pu observer
par nous-même de la succession des bois de l’individu vivant,
actuellement à la ménagerie. Fig. 18, est le bois qu’il jeta en
1820, avant de partir d’Amérique; 19, est celui qu’il refit en
partie pendant son passage, et qui se trouva imparfait comme on le
voit, à cause de cette circonstance. Fig. 20, est le bois qu’il a jeté
en janvier 1822. Il en porte un en ce moment (juillet 1822) qui est
d’un développement surprenant.
Fig. 22, est un bois très-irrégulier fait par un autre de ces animaux
pendant qu’il étoit enfermé sur le vaisseau qui l’amenoit en
Europe. Le même individu produisit l’année d’après le bois mar