CHAPITRE IL
D e s Ca s e r n e s ou le s O ssem en s d e Ca r n a s s ie r s
SONT ACCUMULÉS EN GRAND NOMBRE•
A près nous être préparés par les observations ostéologiques qui
ont rempli le chapitre précédent, à l’étude des carnassiers fossiles,
il convient de parler de leur gisement sous le rapport géologique, et
surtout d’examiner les étranges réceptacles où ils ont été réservés
en si grande abondance pour l’étonnement de l’âge présent.
Rien n’est en effet plus curieux que le nouveau théâtre où nous
avons à transporter nos lecteurs.
Des grottes nombreuses, brillamment décorées en stalactites de
toutes les formes, se succédant l’une à l’autre jusqu’à une grande
profondeur dans l’intérieur des montagnes, communiquant ensemble
par des ouvertures si étroites que l’homme peut à peine y pénétrer en
rampant, et que l’on trouve cependant jonchées d’une énorme
quantité d’ossemens d’animaux grands et pétits, sont sans contredit
l’un des phénomènes les plus remarquables que l’histoire.des fossiles
puisse offrir aux méditations du géologiste, surtout lorsque l’on songe
que ce phénomène se répète en un grand nombre de lieux et dans
un espace de pays très-étendu. Aussi ces cavernes ont-elles été l’objet
des recherches de plusieurs naturalistes , dont quelques uns ont
très-bien décrit et représenté les os qu’elles recèlent; et avant
même que les naturalistes s’en occupassent, elles étoient célèbres
parmi le peuple, qui, suivant sa coutume, ajoutoit bien des prodiges
imaginaires aux.merveilles naturelles que l’on y observe en réalité.
Les os quelles renferment étoient depuis long-temps, sous le nom
de licorne fo s s ile , un article important de commerce et de matière
médicale, à cause des vertus puissantes qu’on leur attribuoit : et il