CHAPITRE V.
D e s O s s e m e n s d e g r a n d s F é l i s .
S E C T IO N P R EM IÈ R E .
S u r l e s g r a n d s F é l i s v i v a n s .
A r t i c l e p r e m i e r .
D e leurs espèces.
L es grands carnassiers à griffes rétractiles et à pelage tacheté font,
depuis long-temps, le tourment des naturalistes, par la difficulté d’en
distinguer les espèces avec précision. Cette matière semble avoir été
obscurcie à l’envi par les voyageurs, par les fourreurs, par les montreurs
d’animaux, et par les possesseurs et descripteurs de cabinets.
Buffon lui-même qui l’a traitée avèc cette netteté de vues et cette
abondance de moyens qui caractérisent son histoire des animaux
quadrupèdes, s’est laissé entraîner en de graves erreurs par le préjugé
qu’il avoit sur la petitesse des espèces propres à l’Amérique, et
a surtout refusé de reconnoître le vrai jaguar, qui est le plus grand
de tous les chats à tâches rondes. Enfin, pour notre objet, il y a
encore dans cette matière une difficulté déplus, en ce que les caractères
pris des couleurs ne nous suffisent point, et que, si nous n’en
trouvions de correspondans qui portassent sur les formes des os,
nous ne serions pas plus avancés dans notre détermination des animaux
fossiles. Ainsi, après que j’aurai exposé toutes mes observations
sur l’extérieur des grands chats pour en déterminer les espèces, je
serai obligé d’y faire succéder encore une comparaison ostéologique
de leurs os, et surtout de leurs têtes. Il sera nécessaire même que
j’examine pour chaque espèce dans quels pays elle s’étend ou s’est