vu avec étonnement que ces os n’appartiennent point, comme je
l’avois cru de quelques-uns, à des rnminans du pays, ce que les
dents de lion et d’autres morceaux ont de plus en plus confirmé. Je
vais donc reprendre ce sujet sous ce nouveau point de vue, et avec
toute l’attention dont je suis capable.
Pour mieux présenter l’histôiré de ces brèches dans son ensemble,
je ferai ce que j’ai déjà fait pour nos plâtrières,- et avec les os de
ruminans qui forment le fonds de leur population, je décrirai aussi
ceux des carnassiers et des rongeurs qui s’y, trouvent avec eux, me
réservant d’ailleurs de donner plus en détail les caractères de ces
familles dans les parties de l’ouvrage qui leur sont spécialement
consacrées.
Je commencerai par les brèches de Gibraltar, qui sont le plus anciennement
célèbres, et qui d’ailleurs sont placées à l’extrémité la
plus occidentale de la grande circonférence, autour de laquelle se
montrent toutes les autres,
A r t i c l e p r e m i e r .
Des brèches osseuses de Gibraltar.
Le rocher de Gibraltar, si fameux dans l’histoire politique du dernier
siècle, a mérité, depuis long-temps aussi, une place distinguée
dans l’histoire naturelle, par sa position singulière et par les observations
auxquelles il a donné lieu.
Tout le monde "sait qu’il forme un cap étroit et escarpé , lié au
continent par un isthme ou plutôt par une langue de sable basse et
unie.
On en trouve une bonne description minéralogique, faite par le
major Im rie, dans les Transactions de la société royale d’Edimbourg,
t. IV , pour 1798, pag. 191.
« La direction du rocher (dit cet officier) est presque du nord au
» sud; sa longueur est de trois milles, et sa largeur variable. Sa plus
» grande hauteur vers le nord est de i 35o pieds anglais, vers le mi-
» lieu de 1276, et vers le sud de i 43g,
» Le côté du nord est presque vertical, à un étroit passage près,
» qui conduit à l’isthme; celui qui regarde l’occident est mêlé de
» précipices ou de talus très-raboteux ; à l’orient sont encore des
» précipices et un banc de sable qui couvre les deux tiers de la hau-
v teur; enfin le côté méridional tombe par une descente rapide dans
» une plaine de roches fort étendue, bordée de précipices, suivie
» d’une autre plus basse, bordée de même, et qui fait l’extrémité
» du cap.
» La masse de la montagne est un marbre gris, dense, en bancs
» de 20 à 40 pieds d’épaisseur; inclinés de 35° de l’est à l’ouest, sans
» autres lits entre eux, et ne contenant que quelques coquilles chan-
» gées dans la substance même des bancs, et dont l’intérieur est
» spathique.
» Vers l’ouest seulement sont plusieurs lits hétérogènes; minces,
» de terre rouge et noirâtre ; le plus inférieur , qui est aussi le plus
» épais, quoiqu’il n’ait que 17 pouces, est d’un quarz bleuâtre, et a
» dans ses fentes de petits cristaux, que l’on appelle communément
» diamans de Gibraltar.
.» A peu de distance et plus près de la mer se voient quelques lits
» d’une argile grasse, et vers le sud des nids de glaise rouge avec
» des pierres à fusil verdâtres.
» Ces bancs de marbre sont creusés de plusieurs cavernes, dont
» quelques-unes sont fort grandes.
» La plus curieuse se nomme Grotte de Saint-M ichel. Elle est
» située entre le milieu et l’extrémité sud, à mille pieds de hauteur,
» très-irrégulière, profonde, et remplie de stalactites.
» Ces mêmes bancs ( et c’ est là ce qui nous intéresse principale-
» ment) ont plusieurs fentes perpendiculaires qui contiennent une
» concrétion calcaire, d’un beau rouge de rouille, à cassure terreuse,
» fort dure, renfermant des os mêlés avec des coquilles d’escargot,
» des fragmens du rocher même, et des particules de spath, tous
» objets que l’on rencontre encore épars à la surface de la montagne.
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