Cette tête est singulièrement bombée de la partie du front ; le
crâne 'est court, et s’élève plus au-dessus de la face que dans les
autres espèces, ce qui lui donne un profil fort différent, qui tient à
la hauteur de la mâchoire inférieure; les deux dernières molaires
sont aussi plus petites, et surtout la dernière d’en haut est plus courte
que dans les ours du nord; mais il y a beaucoup d’espace en avant,
et l’on voit bien clairement par les alvéoles, qu’outre les quatre
molaires en série, il y avoit en haut deux, en bas trois petites molaires
de chaque côté jusqu’à la canine.
D’après les descriptions qui furent faites, dans le temps, de cet
animal, il doit avoir singulièrement ressemblé à celui que nous
devons à M. Leschenault /n). Cependant je n’oserois .pas affirmer
qu’il fût le même-, tant les deux crânes paroissent .peu se ressembler.
M. Blainville en a parlé sous le nom d’Ursus labiatus, et M. Tie-
deman l’a décrit sous celui d’Ursus longirostris, dans un mémoire
particulier imprimé à Heidelberg en 1820.
M. Diard nous a envoyé de Java une antre tête d’ours, que nous
représentons pl. X X II I , fig. 3 et 4- Elle semble se rapprocher
davantage, pour la partie antérieure des mâchoires, du jeune indi-
(i:) Il est grand comme un ours (dit S/zn-tv/Gener. Zool., I , part. I , p. ï5ç|), couvert
partout d’un long poil noir, excepté au museau qui est ras et blanchâtre. Le poil de la
nuque et du dos est le plus long ; sur‘le devant du corps il se'dirige én avant j Sdrle reste en
arrière. Les yëux sont petits ; les oreilles aussi, et en partie cachées'par Te po'il ; les incisives
manquent. On voit trois-molaires de chaque côté en haut et six en bas , dont les antérieures
sont petites et simples. La langue est douce. Le nez semble pourvu d’une sorte de cartilage
transverse doué d’un mouvement particulier. Il ÿ a à 'chaque pied cinq Ongles, très-forts,
aigus, médiocrement courbés ; ceux de derrière sont plus courts. L ’animal passoit pour avoir
quatre ans. Il étoit doux etvivoit de végétaux, surtout de fruits. Il aimoitle miel,le sucre, etc. ;
sês mouvemens n’avoient rien de la lenteur des paresseux.
A quoi Pennant ajoute (Hist. o f Quadrup. , 2e. éd it., I I , p. 243 ) que le poil a une teinte
•pourprée, que le'; front s’élève subitement au-dessus du nez, que la quëue longue de cinq
pouces est cachée dans lé p o il, qu’il y a une ligne'blanche en travers de là poitrine, que les
narines sont des fentes transversales étroites-, et que les lèvres sont susceptibles de beaucoup
d’allongement. B ew i c k ( General Hist. of Quadrup., p . 2g4) remarque encore qu’il a une
tache blanchâtre sur chaque mil y et décrit le blanc de la poitrine comme un Croissant.
vida deM. Leschenault; elle est extraordinairement bombée de la
partie du crâne, et sa face est proportionnellement près de moitié
plus courte que dans l’ours brun ; ses deux dernières molaires sont
plus petites.; la dernière d’en haut est beaucoup plus courte que
dans nos ours du nord ; la petite dent placée derrière la canine est au
contraire plus grosse, et loin qu’il y ait un espace vide entre elle et
la première des molaires en série continue, ces deux dents se touchent
d’un côté, et celje-ci a peine à trouver de la place pour se
montrer, et’ est réduite à une très-petite dimension. Cependant au
côté droit de la mâchoire inférieure, il est resté encore dans ce
petit espace deux petites molaires entre celle de derrière la canine et
la première des continues^ mi
Il paroît au reste, non-seulement que cet ours des îles de la Sonde
diffère de celui qui a été pris pour un paresseux, mais qu’il se trouve
aussi -sur le continent. C ’est ce que m’annonce une lettre que je reçois
à l’instant même de mon beau-fils, M. D uvauoel, et que je
place ici en note, pour faire profiter plus promptement mes lecteurs
des observations de cet infatigable naturaliste (i).
On voit que d’après ces observations faites avec soin sur des ani-
__.......... - ........ Sur Jes~Ours. ded’Inde. - ■ -....... * - .......
$Lx trait d’une Lettre de M. A lfred D u v au c e l , datée de Barakpour près Calcutta,
mars 1822.
Aux figures parties depuis long-temps je.joins celles de deux ours, et de plus une troisième
espèce que je vous ai indiquée dans quelques lettres de Sumatra et que j ’ai retrouvée depuis
peu au Bengale. L ’analogie qui règne entre tous les animaux de ce genre et l’incertitude où
l’on est encore à l’égard de ceux qui vivent dans l’ancien continent, me font espérer que vous
accueillerez avec .intérêt quelques observations comparatives qui tendent à les spécifier. Leur
différence , qqj . consiste principalement dans la -conformation- dps têtes ,. quoique moins
sensible sur les autres parties, s: étend néanmoins sur tout l’ensemble, et l’on reconnoit, soit
dans les pieds, soit dans le pelage ou dans les proportions des membres, plusieurs caractères
invariables et non équivoques.
Leplus grand.des trois a le museau épais quoique singulièrement allongé. Sa tête est petite
et ses oreilles.sont grandes ; mais le poil du museau, d’abord ras et u n i, venant à grandir et
se rebrousser subitement tout autour de la tête à la hauteur des oreilles, ensevelit celles-ci sous
une fourrure épaisse, et augmente considérablement le volume de celle-là. L e cartilage du
nez consiste en. une large plaque presque plane , et facilement mobile. Le bout de la lèvre