La petite molaire de derrière la canine ne manque jamais aux ours
vivans, quel que soit leur âge, et jusqu’à présent on ne l’a jamais vue
aux fossiles de grande espèce, ni jeunes ni vieux, à la mâchoire supérieure.
J’ai examiné huit ou dix de ces crânes fossiles de différens âges sans
jamais l’y trouver.
Les grands crânes publiés par H ayn, Hwrvter, G oldfuss, etc. ; les
morceaux représentés par Esper ,• ceux dont MM. F isch er etBenzen
berg m’ont envoyé des dessins ne l’avoient pas davantage, et il parbit
par la remarque de P . Camper, citée plus haut par M erck , que ce
grand anatomiste n’y avoit point trouvé non plus cette petite dent.
Elle n’existe que dans le crâne d’espèce inférieure, nouvellement
décrit par M. Goldfuss, et dont nous reparlerons bientôt.
Quant à la mâchoire inférieure je me suis assuré par moi-meme
qu’elle n’y manque pas toujours, même dans les grands ours, carbien
quelle n’ait pas èxisté dans plus de vingt mâchoires ou demi-mâchoires
jeunes et vieilles que j’ai examinées, j’en ai trouvé manifestement
encorela racine sur une demi-mâchoire inférieure de notre collection.
Une autre demi-mâchoire m’en a montré aussi clairement l’alvéole.
Cependant M. Rosenmüller me met à cet égard dans quelque
embarras : il décrit une dent de cette sorte à la mâchoire supérieure,
dans sa première dissertation allemande,p. 4-8, quoiqu’il n’en attribue
point à l’inférieure ; et il n’en fait plus aucune mention dans son grand
ouvrage in-folio, p. 9 , où il parle cependant du même crâne : car la
figure est absolument la même.
Peut-être est-ce cette petite dent aperçue aussi une ou deux fois
par .P. Camper qui lui avoit fait dire qu’il y a dans ces cavernes de
véritable# ours.
L ’autre différence est relative à la deuxième petite molaire supérieure
qui dans les-ours vivans est immédiatement placée en avant
de l’antépénultième et forme avec elle une série continue.
Je n’ai trouvé que deux fois son alvéole, dans des fragmetts de
crânes que j’ai examinés, dont un vient de Gafyleuneuth et l’autre
de Sandwich ; mais il Lnée» paroit de vestige dans- iauçun .des>aütr&s
fragmensni des crânes entiers de grande espèce!que,j’ai vus, et je ne
vois pas qu’aucun auteur l’y ait trouvée non plus.
Ges ours n’auroient donc ordinairement en série continue dans le
haut que trois mâchelières et en tout que trente dents, tandis que
les ours vivans en ont généralement trente-six et quelquefois quarante.
On voit bien la différence qui en résulte en comparant les figj 5
et 6 et les fig. 7 et 8 de la pl. XXI.
Toutefois puisque l’on trouve de temps en temps l’une ou lautre-
de ces petites dents j le caractère spécifique de nos ours fossiles tien-
droit à ce qu’ils les perdent de très-bonne heure , plutôt qu à ce
qu’ils en manquent absolument.
A r t i c l e II.
Comparaison des têtes d’ours trouvées dans les cavernes e t détermination
de leurs espèces.
Le genre!des ; crânes les plus communs dans ces cavernes étant
bien déterminé par. leurs dents pour être celui de Y ours, je n’ai
pour ainsi dire pas besoin d’ajouter qu’ils portent aussi les caractères
de ce' genre dans toute leur conformation, leurs sutures,
lés connexions de leurs os, et qu’à plus forte raison ils ont tous
ceux de la grande famille des animaux carnassiers, comme un
condyle transversal et en portion de cylindre, une apophyse co-
ronoïde large et élevée, une arcade zygomatique très-convexe en
dehors et remontant en haut, un orbitè incomplet en arrière et s’y
confondant avec la fosse temporale, etc. Tous ces points sont toujours
en liaison nécessaire avec la structure des dents.
Il ne s’agit donc plus que de savoir si ces crânes appartiennent à
l’une ou à l’autre des espèces d’ours connus, ou bien s’ils different
de toutes, comme les différences dans la durée des petites molaires
antérieures semblent l’indiquer d’avance.
J’ai déjà dit qu’ils-sont eux-mêmes au moins de deux espèces: eom