est aussi grande que dans les plus grands cerfs, et indique une espèce
différente de la première.
Je n ai point vu moi-meme d ossemens de rongeurs de ces roches ;
mais la fïg. 4 j pl- X I I I , dessinee de la main de feu M. Adrien
Camper, en présente deux demi-maclioires et deux autres os, qui
étoient conservés dans le riche cabinet de ce savant anatomiste.
Le premier coup-d’oeil sur la mâchoire, A , prouve quelle appartient
au genre des lièvres, mais qu’elle est trop petite pour venir de
notre lapin commun.
Quand j’ai eu découvert, comme je le dirai plus bas, dans les
brèches de Corse une espèce de lagomys très-voisine du lagomys
alpinus de Sibérie , j ai soupçonne qu’elle se trouveroit aussi à
Gibraltar, et que ces petites mâchoires pourroient bien lui appartenir.
La comparaison du dessin de M. Camper, avec la figure de la
mâchoire du lagomys alpinus, donnée par M. P a lla s, pl. X IV ,
fig. 3, et avec celle du lagomys ogotonna, ib. f. a , n’ est pas entièrement
favorable à mon idee ; car la mâchoire des lagomys a en avant
de la branche montante un petit crochet, a a , qui paroît manquer à
celles de Gibraltar; cependant celles-ci pourroient avoir été mutilées.
Voilà donc dans ce petit nombre d’os de Gibraltar que j’ai pu me
procurer au moins une espèce de lièvre et probablement une espèce
de cerf, dont les pareils ne sont pas connus en Europe.
Que seroit-ce si quelque naturaliste résidant sur les lieux prenoit
la peine de recueillir et de dégager avec soin ceux qui se découvri-
roient pendant quelques années, comme je l’ai fait pour les ossemens
de nos gypses. D’après ce que nous allons voir dans les articles
suivans, on ne peut douter qu’il n’y fit des récoltes abondantes et
intéressantes.
A r t i c l e II.
Des brèches osseuses de Cette.
Le rocher dé Cette offre, avec celui de Gibraltar, des traits d’une
ressemblance physique, véritablement extraordinaire ,• il est de même
avancé dans la mer, et comme isolé; il se lie de même au continent
par un banc de sable long et étroit; il est aussi formé en grande partie
de pierre calcaire, mais qui paroît dune autre espece; car elle
est compacte et terne, d’un grain très-fin, d’une couleur gris de
fumée, et de savans minéralogistes la jugent d’une origine antérieure
au calcaire du Jura, Enfin les couches de ce marbre sont interrompues
de même par des filons remplis d’une brèche à ciment rougeâtre,
pétrie d’ossemens divers, et de fragmens pierreux, et dont les cavités
sont remplies de stalactite, tantôt cristalline, tantôt fibreuse, tantôt
disposée par couche et formant de véritable albatre, quelquefois
même des boules à couches concentriques.
Mon savant ami, M. D ecandolle, alors professeur de botanique
à la faculté de médecine de Montpellier, et que la France a perdu
depuis quelques années, au grand regret de tous ceux qui s’intéressent
à la gloire scientifique de ce royaume, a eu la complaisance
d’examiner avec soin cette montagne singulière , et de m’en
donner une excellente description , qui va servir de base à la
mienne.
La montagne de Cette est un cône isole,, qui tient a la terre par
une langue de sable très-étroite, et par un long pont bâti sur le
canal de Thau.
Sa hauteur n’est que de 108 mètres ( 3a5 pieds) ; mais, elle se fait
remarquer de loin aux vaisseaux qui viennent de Provence ou d’Italie,
par sa configuration et par son isolement, qui la fait paroître comme
si elle étoit au milieu des eaux.
La masse générale de la montagne est un calcaire gris compacte,'
entrecoupé çà et là de veines de spath blanc. On y distingue cependant,
avec raison, différens lits. Vers la base, la pierre est très-
compaçte et sans grain, ni couches sensibles. On la nomme pierre
de masse, et on l’exploite pour obtenir les gros blocs qu’on jette
chaque année devant le môle, afin de le garantir de 1 effort des
vagues. Au-dessus est la pierre d écou ch é, semblable à la précédente
par la nature et l’apparence, mais disposée par couches assez
régulières, horizontales en quelques endroits, inclinées vers la mer