cette première espèce dans leur jeune âge. Le petit ours qui vient
dé naître est très-bien formé et fort éloigné de ressembler à une
masse grossière, comme l’ont cru les anciens. Son poil est lisse et
d’un gris brun cendré avec un beau, collier blanc. Il conserve souvent
des traces de ce collier, qui jaunit cependant par degrés,,jusqu,’.à
deux ou trois ans, et quelquefois plus tard.
J’ai eu à disséquer un troisième ours de Pologne (pl. XXII,,. fig ,^ ,
le plus grand des ours que j’aie vus jusqu’ic i Uétoitplus élancé plus
élevé sur jambes que les autres, et son squelette moutre encore çqs
proportions particulières; son crâne proprement dit a les mêrnesjca-
ractères que ceux des ours bruns, mais il est plus allqngé, dans l’espace
qui s’étend depuis l’occiput jusqu’au,front, Lç devant du front
est plus plat et la racine du nez plus enfoncée, plus concave. .
Son poil est brun foncé, avec de très-légers reflets .de fçuve fi la
tête et aux oreilles, et du noirâtre aux jambes.
Il faudrait avoir vu plusieurs individus pour savoir si eus différences
constituent une race séparée ; mais je suis sùr du moins qu’elles ne
viennent pas du sexe: car cet individu étoitnaâle, et j’ai eu des mâles
de toutes les autres racest -
Je n’ai vu de la deuxième espèce d’ours d’Europe qu’un seul individu
vivant, que j’ai disséqué ensuite. Il etoit d.assez, grande, taille et
d’un poil brun noirâtre, assez grossier, demi-laineux et long, surtout
au ventrë et aux cuisses. Le dessus du nez est fauve-clair, et le reste
du tour du museau d’un fauve-brun-roux. Je crois que c’est cet ours
que les naturalistes ont désigné sous le nom d’ours noir d’Europe
et qu’il faut bien se garder de confondre avec Yours noir d’Am érique,
à poil noir, lisse et luisant. La forme particulière et aplatie
deWn crâne se fait assez remarquer au travers du poil qui le,garnit,
pour frapper par sa différence de celui de Y ours brun ordinaire.
Le squelette d’ours trouvé par Daubenton au cabinet et qu’on y
conserve' encofe étoit de cette espèce: il paroît qu’il venoit des
anciens travaux anatomiques de l’Académie des Sciences. ( Voyez soja
iŸânë,'!pl. X X , figJaV-fetpl. X X I , frg. ru):Un crâne séparé quftjlai
âflésrtrôWé dânsf eé’Mùséum, saiis indication de Son origine ,p l.X X ,
fig. 3 , 'é tpl. X X Ï , figi ’2, paroît en être également, quoiqu’il offre
quelques différences dans les proportions,, dont les principales tiennent^
moins de hauteur verticale, à! plus d’allongement, eu égardà
la largeur, et à plus de minceur du museau. Je crois cependant qu’il
ddimêtré dans l’espèce de l’ours noir d’Europe une race particulière,
à pôu comme le troisième ours de Pologne dont j’ai parlé ci-
dessus en est une dans l’eSpèce' de l’ours brun.
Je Uè peux diré d’où étoit l ’individu que j’ai vu vivant : ainsi je ne
puis indiquer Si Cêttë espèce habite de préférence dans certains pays,
ôù si' ôn la trouvé pêle-mêle dans les mêmes lieux que l’autre.
Je ne puis dire non plus, par conséquent, si elle varie pour la
couleur et lèS autres aecidens du pelage.
Mais je puis assurer qùè les caractères qu’elle offre ne viennent ni
de l’âge ni du Sèxe’j'car j’ai, dans la première espèce, des, crânes de
sexe différent et'tout aussi adultes que ceux de la seconde.
A en juger pdr la forme du crâne ; par la grandeur des fosses temporales
et par les attaches que les cretes doivent fournir, aux muscles
crotaphites, - on ne peut guere douter que ce ne soit 1 espece
noire qui semble mieux organisée pour être carnassière, et je suis
presque persuadé que si le contraire passe aujourd huipour véritable,
c ’est parce qu’on a confondu cet ours noir d Europe avec celui
d! Am érique, qui paroît en effet constamment ƒ xigmore oxx. p iscivore'
dans son pays natal ; mais dans le fait tous les ours sont qnmi—
votes, et dans les ménageries on les nourrit tous, meme le blanc
maritime que l’on a dit si cruel, avec du pain seulement, .sans quils
en pâtissent , le moins du monde, Nous en avons tous les, jour? la
preuve sous les yeux dans cette ménagerie, où l’on ne fait point
suivre d’autre régime à ces animaux depuisqdus de vingt ans. En
effet, les dents màchelières des ours., plates et tuberculeuses comme
celles de l’homme et des singes, et jamais tranchantes.comme celles
des lions et des loopsj, montrent d’avance qu’ils sont destinés à
prendre toutes les sortes d’alimens.