
ayant été prévenu à temps il put opérer sa retraite assez
heureusement, escorté par une centaine de ses serviteurs,
avec lesquels il arriva jusqu’aux bateaux à vapeur
anglais, stationnés sur l’Indus. A la suite de cette
manifestation, le général sir Charles Napier marcha
contre les Seindiens, réunis au nombre de 25,000, les
défit dans deux sanglantes batailles (Mianèh et Dobbèh)
et s empara ensuite des Émirs. Il les envoya prisonniers
dans l’Inde, puis substitua à leur gouvernement
celui de la Compagnie indo-britannique, qui depuis
ce moment n’a pas cessé de régner sur le Scinde
1 Quoique l’article suivant, inséré dans la Revue des Deux-
Mondes, ait été rédigé par un écrivain français, je l’ai choisi
et je le transcris littéralement ici, parce qu’il a été eu totalité
élaboré sur des documents fournis par la presse britannique. Je
ne concilierai cependant point de son contenu que les Anglais,
s’avouant à eux-mêmes la déloyauté de leurs actes, doivent
mettre un terme à leurs envahissements dans l’Asie; ce que j ’ai
déjà dit à cet égard suffit pour qu’il soit inutile de. me répéter.
Mais il serait pourtant à désirer que les reproches que les Anglais
adressent si amèrement à leur politique amenassent leurs
gouvernants à la modifier dans un sens plus moral, et qu’ils n’assimilassent
plus à l’avenir le courage de leurs troupes, et particulièrement
celui de leurs officiers à un thermomètre dont les
degrés s élèvent ou s abaissent non en raison de la gloire qu’ils
ont à recueillir, mais suivant le bénéfice matériel que leur fait
personnellement espérer la victoire. Nonobstant tout ce qui est
dit dans I article suivant, je n’en persiste pas moins à maintenir
l’avantage évident pour la civilisation et l’humanité à ce que les
Emirs, usurpateurs du pouvoir souverain dans le Scinde, qui
pesaient de tout le poids de leur ignorance et de leur avidité
sur les peuples soumis à leurs barbares lois, aient été renversés
et remplacés par d autres usurpateurs plus éclairés et plus humains.
Eu citant cet article et tout en croyant à la véracité du fond,
je n’accepte point, pour mon compte, l’acrimonie de la forme ;
voulant purement et simplement me borner au rôle de narrateur,
mon but est de prouver que si je tâche de disculper les Anglais -
sur quelques points qui me paraissent mal compris, mon intention
n’est point pourtant de me faire leur panégyriste. Je raconte,
je cite et laisse au lecteur le soin de se former une opinion
suivant ses propres appréciations.
m o r t du k h a n d e k h y r p o u r .
( Revue des Deux-Mondes.)
Une discussion intéressante pour quiconque a suivi avec
attention les derniers événements de l’Inde a été récemment
soulevée par les journaux de Bombay. Cette discussion (nous
pourrions dire ces réflexions, car les avis au fond étaient unanimes)
a porté sur deux graves incidents que la Providence
semble avoir voulu rapprocher comme pour éclairer d’une triste
lumière la politique de l’Angleterre dans l’Inde et la conduite
de ses agents. L’un de ces incidents est la mort de Mir-Rouslem,
Khan de Khyrpour, le premier par l’âge et le rang des Émirs du
Sind dépossédés par la Compaguie et déportés par elle dans la
présidence de Bombay; ce personnage a succombé à une attaque
de choléra à Pouna, le 27 mai 1816. L’autre fait est la mise à
l’enchère des objets dont le prix doit être distribué, comme
butin, à l’armée qui a conquis le Sind
En annonçant la mort de l’Émir de Khyrpour, la presse locale
de l’Inde a cédé pour la première fois à un mouvement de généreuse
indignation contre la direction générale du gouvernement
de l’Inde et contre quelques-uns de ses hauts fonctionnaires.
Les articles qu’elle a publiés à ce sujet sont autant de
documents précieux qui méritent d’être signalés à l’attention de
la France. Toutefois, en recueillant ces tristes aveux, nous n’oublierons
pas que nous nous exposons à bien des récriminations,
car, si les Anglais consentent quelquefois à reconnaître leurs
erreurs, c’est à la condition de n’être entendus de personne, et
ils ne souffrent point dans la bouche ou sous la plume des
étrangers le blâme qu’ils s’infligent à eux-mêmes. Pour éviter
donc le plus possible lés démentis de la presse britannique, peu