
conscience des sentiments qui les animent : In kiar
afghan est; « ceci est du travail afghan. » — Malgré
cette sincérité, il sera toujours difficile à un voyageur,
quelle que soit sa pénétration, de les apprécier
pour ce qu’ils sont réellement si, avant de laisser parler
naturellement leur conscience, il satisfait leur avidité
ou bien encore s’il craint de s’abaisser en adoptant
les coutumes asiatiques, et en se familiarisant avec
le sans-gêne et le franc-parler du peuple. C’est en faisant
exactement le contraire qu’il pourra s’initier à
leur pensée. Je ne puis pas croire qu’une intelligence
aussi remarquable que celle de Burnes n ’ait pas
compris ne que j ’avance : il préféra sans doute éviter
bien des désagréments et des dangers même, en donn
an t, sans compter, l’or de la Compagnie des
Indes. Son appréciation du caractère afghan est du
reste le seul point sur lequel on puisse différer
d’avis avec lui sur ce qu’il a écrit de l’Afghanistan ',
1 « Les Afghans forment une population sobre, simple et honnête.
Ils m’interrogeaient toujours avec insistance sur tout ce qui
avait trait à l’Europe, dont ils divisaient les nations en douze koulaks,
c’est-à-dire couronnes ou, pour parler plus littéralement, chapeaux.
J’aimais à voir la curiosité des vieillards eux-mêmes. Le
plus grand malheur du mahométisme est, selon moi, l’éloigne-
ment pour la civilisation de tous ceux qui professent cette religion.
Leurs moeurs ne changent pas non plus. Leur savoir, leur éducation
sont d ’un âge antérieur aux nôtres, et ils ignorent complètement
la philosophie de l’histoire. Le langage des Afghans est le
persan,qui n’est pas toutefois le doux langage de l’Iran.Le puchtou
est le dialecte des gens du commun, et cependant quelques personnes
des plus hautes classes sont dans l’impossibilité de le parler.
Les Afghans sont une nation d’enfants. S’ils se querellent, ils
car l’ensemble de l’ouvrage est une oeuvre du plus
grand mérite, qui sera longtemps encore le guide le
plus sûr sur cette contrée. Je ne me serais pas fourvoyé
dans tant d’embarras si je l’eusse consulté
avant d’entreprendre mon voyage; malheureusement
ce ne fut qu’à mon retour à Téhéran, et lorsque je
ne pouvais plus profiter de ses précieux enseignements,
que je me trouvai à même de le lire pour la
première fois.
Seize jours s’étaient à peu près écoulés depuis que
Kouhendel-Khan connaissait mon arrivée dans ses
États, et il n’avait pas encore pris de décision à mon
égard. Ce retard attristait encore davantage ina captivité.
La société du Mounehi, Feïz-Méhémed, qui tâchait
de me rassurer par tous les moyens possibles,
était ma seule consolation. Il m’affirma que les Ser-
dars persistaient toujours à voir en moi un Anglais,
et qu’ils n’avaient épargné ma vie que dans leur
en viennent aussitôt aux mains, et ils se réconcilient sans plus de
cérémonie. Il leur est impossible de cacher ce qu’ils éprouvent
les uns pour les autres, et tout le monde peut, «sans trop de sagacité,
deviner ce qu’ils comptent faire. Si on eu croit ce qu’ils
disent d’eux-mêmes, leur vice capital c’est l’envie; et ce mauvais
sentiment existe même, entre les plus proches parents. Il n’y
a pas de peuple au monde qui soit plus capable qu’eux de nouer
une intrigue. Leur paresse fut une des choses qui me frappèrent
le plus chez eux. On est étonné de les voir accroupis tout le jour,
se regardant dans les yeux les uns des autres. Nul ne saurait
dire comment ils vivent et pourtant ils vivent bien, jouissent
d’une bonne santé et paraissent très-heureux. Il m’est resté une
impression très-favorable de leur caractère national. » " '
(Burnes, Travds into Bokliara, vol. I, p. 143, 144.)